D’abord il convient de souligner le cadre exceptionnel de l’Espace des Blancs-Manteaux dans le Marais dans lequel sont rassemblés quelque 150 éditeurs prêts à vous faire découvrir leurs univers si différents. Différents, quoique… Contrairement à l’ambiance plus littérature généraliste du SIEL, j’ai trouvé dans ce salon une ambiance globalement contestataire, voire anarchiste. La poésie y est également très présente et tout ce petit monde « un peu à la marge » fait notre délice. J’ai aimé m’y immerger et vous étonnerai-je si je vous avoue y avoir fait de belles rencontres.
La première avec Yvan Quintin, des Éditions ErosOnyx Éditions, installées dans le Cantal, qui a eu l’exquise idée de rééditer l’intégralité des poèmes de Renée Vivien. L’ouvrage Poèmes 1901-1910, de 360 pages, préfacé par Nicole G. Albert, invite à une redécouverte d’une œuvre extraite de dix recueils, dont trois posthumes, où se mêlent la quête de l’amour et la nécessité de la création poétique, l’une conditionnée par l’autre. Je vais donc me plonger avec délice dans cette quête mêlée. Merci à Yvan de m’avoir fait découvrir son univers, au travers de textes anciens ou modernes, prose ou poésie. Avec cet éditeur si passionné, nous avons parlé de Virginia Woolf, de Colette et du spectacle qui lui était consacré il y a quelques jours pour sauvegarder sa maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye. Nous avons évoqué Camille Claudel et tellement d’autres auteur(e)s. A nos discussions pleines d’entrain s’est joint son voisin de table Jean-Claude Féray, des Éditions Quintes-Feuilles.
Continuant ma visite au milieu des ouvrages à teneur politique, philosophique, sociologique, des beaux livres et guides de voyages, des œuvres de poésie, de théâtre et les chansons révolutionnaires et de résistance, j’ai fait une découverte et une rencontre très riches : découverte de la maison d’édition suisse Pagine d’Arte qui publie des petites monographies et catalogues mariant reproduction d’œuvres et poésies, et rencontre avec sa représentante sur le stand, dont je ne connais malheureusement pas le nom mais j’espère qu’elle se manifestera ici. Nous avons échangé longuement sur l’art, la peinture, l’exposition Monet et finalement le sujet incontournable lorsque je parle d’art et de mes passions, Camille Claudel (et oui encore !). Alors même que, là sur la table, m’attendait une monographie consacrée à cette immense créatrice, préfacée par Reine-Marie Paris et présentant ses œuvres majeures, telles La petite châtelaine, La valse, Les causeuses, L’implorante ou L’âge mur, mises en valeur par des poèmes d’Octave Mirbeau, Louise Labbé et Charles Morice pour ne citer qu’eux. Ce petit volume consacré à l’élève de Rodin, et qui pour moi l’a dépassé en sensualité, est un vrai petit bijou et j’ose à peine l’ouvrir. Je vous invite vraiment à découvrir cette maison d’édition qui propose par ailleurs des collections d’écrits sur l’art auxquels coopèrent Michel Butor ou Yves Bonnefoy et consacrés par exemple à Oskar Kokoschka ou Sonia Delaunay.
Je suis donc ressortie de cet Espace en emportant avec moi Renée Vivien et Camille Claudel… du bonheur mis en pages… et le souvenir de belles rencontres avec des éditeurs passionnés avec lesquels j’aurais plaisir à discuter à nouveau de l’art sous toutes ses formes.
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