Retour au paradis
Hannes Steinert dessine et dessine encore. Depuis des années. Dès ses premiers catalogues et ses premières monographies le concernant, en 1992, on pouvait lire sous la plume d’un préfacier. ? « Let’s talk about sex ! » Parce qu’il s’agit bien de sexe. Mais aussi – et ne faut-il pas dire «d’abord» ? – d’art, et de cet art du dessin qui est le sien. Il commença par un trait proche du graffiti, suivant les contours des corps de garçons en lignes brisées, brouillées, emmêlées, et parfois des taches de couleur. Aujourd’hui un dessin plus net, évocateur d’un paradis perdu, d’un monde d’avant le péché, d’une Arcadie où se regardent, attendent, se parlent, jouent ensemble, s’aiment les garçons.
Mais toujours le sexe. Toujours visible, le pénis, sur des corps jeunes et pleins de grâce, alangui ou dressé. Kitsch ? Si l’on veut. Naïveté, gaucherie adolescente ? Peut-être. Mais dans ces paysages bucoliques ou ces paradis grecs, qu’un aigle enlève Ganymède, qu’un garçon joue au cerceau ou qu’un jeune homme, sa longue chlamyde ouverte, invite un autre à l’amour, se devinent toujours la présence forte d’Éros et les fantasmes du désir. Hannes Steinert, comme un poète le disait de ses mots, sait assurément « créer un fugace plaisir qui semble presque palpable. »