Après trois albums à chanter ses propres textes, Pauline Paris rend ici hommage à Renée Vivien (1877-1909) dont elle met en musique et chante treize poèmes. Grâce lui soit rendue de remettre ainsi en lumière cette figure majeure de la Belle Époque, restée dans les mémoires comme la Sappho 1900. Anglaise francophone, elle fut entre autres amamnte de Natalie Barney et proche amie de Colette ou de Pierre Louÿs. Ajoutez à cela qu’elle vécut à Paris et que son vrai prénom était Pauline, et vous conviendrez qu’il n’y a pas de hasard. : ces deux-là étaient faites pour se rencontrer au-delà des siècles !
Alors plongez-vous dans ce livre-disque de fort belle facture, dont le rabat de couverture saura vous dévoiler les pluriels de bien délicieuses amours, tendrement illustrées par Élisa Frantz. Cette élégie à l’égérie des violettes d’automne se fait dentelle de verre symboliste à l’érotisme aussi espiègle que son interprète, et leurs antiques mêlées laissent avec délectation un doux goût de passion délétère, tout spécialement avec les magnifiques À l’amie, Je t’aime d’être faible ou La pleureuse.
Et vous découvrirez Renée Vivien tout entière dans ces mots :
» Allons-nous-en, mes chants dédaignés et moi-même…
Que nous importent ceux qui n’ont point écouté ?
Allons vers le silence et vers l’ombre que j’aime
Et que l’oubli nous garde en son éternité… »
Patrick ENGEL Hexagone n° 14, Hiver 2020, p. 23