Le 19 juin au Brady  »Zero Patience »

Ce fut une belle soirée. Les deux salles étaient pleines et, une fois la projection finie, les spectateurs qui le désiraient se sont retrouvés dans l’une d’elles pour le débat qui a suivi le film.

On a vu parmi les invités John Greyson lui-même, souriant, détendu, heureux que son film revoie le jour, près de 25 après sa sortie en Amérique du nord, et vivement applaudi en fin de séance. Il y avait aussi Thomas Waugh, professeur à l’université Concordia de Montréal – un grand merci à la contribution de cette université pour avoir financé la venue de John Greyson et de Tom Waugh en France en vue de cette soirée. Thomas Waugh est connu comme l’historien du cinéma LGBT et cinéma queer.

John Greyson ne parlant pas couramment le français, Jordan, Arseneault a brillamment assuré la traduction simultanée des questions qui lui étaient posées et de ses réponses. Canadien lui-même, Jordan Arseneault est le coordinateur de MEDIAQUUER, catalogue accessible gratuitement et qui répertorie vidéos et films canadiens et/ou québécois LGBT et leurs réalisateurs : mediaqueer@concordia.ca

Parmi les invités, il ne faut pas oublier Didier Roth-Bettoni, auteur de Les Années sida à l’écran (avec le DVD du film Zero Patience) qui était déjà intervenu quelques jours auparavant à une rencontre à la librairie Les Mots à la Bouche autour de son livre.
Signalons aussi la présence d’Antoine Damiens, arrivé lui aussi de Montréal (John Greyson, pour sa part, venait de Toronto). Antoine Damiens travaille actuellement sur le cinéma queer, sous la direction de Thomas Waugh.

Oui, ce fut une belle soirée.

Ci-desous, vus de dos ou de biais, de gauche à droite Anne Delabre de l’association Le 7ème genre, John Greyson, Thomas Waugh, Didier Roth-Bettoni.

Aux Mots à la Bouche, à Paris, le 16 juin, à 19 heures, en « avant-première »…

A la librairie Les Mots à la Bouche, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, Didier Roth-Bettoni présentera son dernier livre Les Années sida à l’écran. Une signature suivra la rencontre, avant la projection dans le cadre de l’association Le 7ème genre, le lundi 19 juin, du film Zero Patience de John Greyson au cinéma Le Brady, boulevard de Sébastopol, à Paris (X), en présence du réalisateur John Greyson tout juste arrivé de Toronto (Canada).

Dans Le Monde du 2 juin 2016

Les années sida à l’écran de Didier Roth-Bettoni. Préface de Christophe Martet, ErosOnyx, « Images », 136 p. + 1 DVD, 25 €.

En décernant son Grand Prix du Jury au film de Robin Campillo, 120 battements par minute, le festival de Cannes fait entrer l’histoire de la lutte contre le sida dans celle du cinéma.
Également couronné par la Queer Palm 2017 et le prix François-Chalais, ce film consacré à Act Up, l’association la plus emblématique de ce combat contre la maladie, devient ainsi d’emblée un des jalons essentiels de trente-cinq ans de films ayant abordé le sida, sa réalité et sa perception sensible. Documentaires, téléfilms ou fictions pour le grand écran racontent depuis plus de trois décennies une maladie parfois privée de visage, disputée entre l’allégorie, le drame et le réquisitoire.

Kyrielle de deuils, de vagues de haine et de rejet, de solidarités et de colères aussi, de violence homophobe et de riposte provocante, ces années sombres ont laissé des images quand la parole se faisait pâle, voire inaudible. Revisitant ce corpus cinématographique aussi riche que contrasté, Didier Roth-Bettoni, à qui l’on doit une somme sur L’Homosexualité au cinéma (La Musardine, 2007) livre une lecture érudite et engagée de ces « années sida à l’écran » en prélude à la vision de la fable « electropop » survitaminée et irrévérencieuse du canadien John Greyson, Zero Patience (1993), offert en DVD comme le veut la collection « Images » d’ErosOnyx, où Roth-Bettoni a déjà célébré Derek Jarman (Sebastiane ou saint Jarman, 2013) et Philippe Vallois (Différent ! 2016). Inclassable « musical » militant, ce film, sorti entre Les Nuits fauves de Cyril Collard et Philadelphia de Jonathan Demme, ne concourut ni aux Césars ni aux Oscars mais marqua un tournant dans la vision de la maladie comme dans la position d’où l’observer.

C’est la force de cet essai qui dégage les inflexions ou les retournements qui modifient au fil des ans la lecture du tableau.

Depuis 1985, prise de conscience collective, premières images, premières violences, un lent travail didactique transforme le regard du grand public, naguère terrifié, devenu compassionnel ; il n’a qu’un défaut : placer le malade à la périphérie, le cheminement des « autres », vers plus d’humanité, passant par sa marginalisation narrative. Une bienveillance qui estompe le vécu des séropositifs, leur quotidien et leur combat – face au mal et contre la sphère publique qui les abandonne. C’est du sein de la communauté gay que viennent des films plus âpres, refusant la bien-pensance, qui célèbrent l’activisme radical, le secours des associations LGBT, la recomposition de ces familles « queer », irénique phalanstère utopique où la lutte est affaire de solidarité sans faille.

Composant une sorte de mausolée – les musiciens parleraient de tombeau – à tous ceux qui sont partis, à ceux qui ont lutté et dont la trace a peu à peu déjoué les poncifs et pulvérisé les fantasmes, Roth-Bettoni mène le même combat que Campillo. Vibrant et militant.

Philippe-Jean Catinchi LE MONDE vendr. 2 juin 2017

Après l’hommage national à Xavier Jugelé


« Xavier, je t’aime ! »
Ces simples mots n’ont rien d’anodins, et pas du seul fait qu’ils témoignent de l’amour qui unit deux hommes, mais parce qu’ils ont été prononcés dans la cour de la Préfecture de Police de Paris, en présence des forces de l’ordre, de militaires, et des plus hautes instances politiques de la Nation.

C’était le 25 avril 2017, lors de l’hommage rendu par la Nation à un policier abattu en service par un terroriste.

Après l’instauration du mariage pour tous, c’est l’étape la plus décisive dans le processus de réhabilitation des homosexuels, et il n’échappera à personne combien l’éloge funèbre rendu à la victime par son conjoint contribue à rendre son honneur à une composante de la société si iniquement condamnée depuis trop longtemps par la frange la plus haineuse de celle-ci.

Nous, homosexuels, avons une dette de reconnaissance infinie à l’égard de cet homme digne et courageux qui n’a pas hésité à affronter l’opinion publique dans un moment douloureux. La noblesse de son intervention en a imposé à beaucoup, n’en doutons pas, et donné une image extrêmement positive de ce que certains ayant perdu tout sens commun, quoi qu’ils en disent, persistent à présenter comme une perversion.
Et quelle élévation de pensée lorsque l’orateur dépasse sa propre douleur en déclarant qu’au travers du deuil qui l’atteint, il a mieux compris les risques auxquels étaient exposés les collègues et camarades de son ami.

Voilà un message de fraternité et de paix dont notre monde avait grand besoin.
À mon tour de déclarer pour ce que je te dois : « Étienne, je t’aime ! »

Alain STOEFFLER

« Un amoureux des hommes » dans Le Monde des Livres

Tiré de l’oubli à la fin du XXe siècle par la traduction de nouvelles (Le Rossignol vert, Noir sur blanc, 1996), d’un roman (Les Ailes, Ombres, 2000) ou d’une biographie (La Vie merveilleuse de Joseph Balsamo, Circé, 1999), Mikhaïl Kouzmine (1872-1936) attend encore d’être reconnu pour le (bon) musicien et le (subtil) poète qu’il est. Voici La truite rompt la glace, cycle de poèmes composé en 1927 et qui assume sa base autobiographique – même si l’évocation de la « ronde des plaisirs et amours » évoquée dans l’épilogue ( « ont surgi une foule de souvenirs, / des pages de romans lus et relus, / morts et vivants entremêlés« ) tient moins de la confession que de la célébration de son amour des hommes qui le fit condamner au silence sous la dictature stalinienne.

L’édition bilingue offre une idéale introduction à l' »Oscar Wilde de Saint-Pétersbourg » qui éblouit Marina Tsvetaïeva et figure en bonne place, « Satan dans toute son élégance« , dans le Poème sans héros d’Anna Akhmatova.
Philippe-Jean Catinchi

AU Brady, le 24 avril, le 7ème genre présente GO FISH

GO FISH

Réalisé par Rose Troche (1994), avec VS Brodie, Guinevere Turner, T Wendy McMillan, Migdalia Melendez, Anastasia Sharp

Go Fish est un film indépendant qui a fait figure de pionnier lors de sa sortie en 1994 aux États-Unis. Il se distingue par son ton libre et son intrigue libérée des trames dramatiques faites d’ostracisation et de ‘coming-out’ douloureux. Rose Troche (The L Word, Six Feet Under), fraîchement diplômée d’école de cinéma, et Guinevere Turner jeune scénariste (American Psycho) et actrice (The Watermelon Woman), sont motivées par l’absence de représentation de la culture lesbienne qu’elles connaissent à Chicago. Elles s’appuieront sur leur communauté artistique pour faire un film décomplexé, dont l’intrigue minimaliste permet l’expression d’un quotidien lesbien peu documenté. Christine Vachon (productrice de Todd Haynes, Larry Clark, John Waters, etc) les soutiendra pour produire ce film, aujourd’hui au panthéon du New Queer Cinema des années 90.

Notre invitée : Anne Crémieux maîtresse de conférence à l’Université Paris-Ouest-Nanterre, spécialiste de la représentation des minorités dans le cinéma américain

En partenariat avec Carlotta Films, 5 DVD à gagner à chaque séance du ciné-club.

Entrée : 8.50€ >> 6.50€ en réservant dès maintenant sur http://www.lebrady.fr

Carte Brady : 6€ (5 places valables 6 mois, carte utilisable pour 1 ou 2 personnes à une même séance. Réservation en ligne des places sans frais)

Adhérents 7e Genre: 5€ (réservation avec code promo internet adhérent et sur présentation de la carte sur place)

Cartes UGC Illimité et Le Pass acceptées (ouverture des ventes 1h avant la séance sous réserve des places encore disponibles)

Le 7ème genre présente NETTOYAGE À SEC

Jean-Marie et sa femme Nicole tiennent depuis quinze ans un pressing à Belfort. Quinze ans d’amour fidèle, de travail sans relâche… Mais une soirée dans un cabaret, ‘La Nuit des temps’, va faire tout basculer. Sur scène, un jeune homme troublant, Loïc, fait un numéro de travesti avec sa sœur Marylin. Il séduit immédiatement le couple, qui s’accordait sa première sortie depuis longtemps. Tel le visiteur du Théorème de Pasolini, Loïc va s’immiscer dans leur vie bien réglée et faire déraper leur existence, bouleversant tous leurs repères, sexuels, moraux, sociaux. Troisième film d’Anne Fontaine (après Les Histoires d’amour finissent mal en général et Augustin), Nettoyage à sec met au jour les pulsions les plus enfouies d’un couple ‘sans histoire’, jusqu’au point de non-retour.

En partenariat avec Carlotta Films, 5 DVD à gagner à chaque séance du ciné-club.

Entrée : 8.50€ >> 6.50€ en réservant dès maintenant sur http://www.lebrady.fr

Carte Brady : 6€ (5 places valables 6 mois, carte utilisable pour 1 ou 2 personnes à une même séance. Réservation en ligne des places sans frais)

Adhérents 7e Genre: 5€ (réservation avec code promo internet adhérent et sur présentation de la carte sur place)

Cartes UGC Illimité et Le Pass acceptées (ouverture des ventes 1h avant la séance sous réserve des places encore disponibles)

Séance exceptionnelle en présence de la réalisatrice Anne Fontaine. Elle viendra nous parler de ‘Nettoyage à sec’, qui fête ses vingt ans cette année…
Vous pouvez déjà réserver vos billets sur le site du Brady !
https://www.facebook.com/events/1257999944268719/

« La Truite rompt la glace » aux Mots à la Bouche le 16 mars

Recueil inédit, bilingue (russe-français) d’un grand poète russe de l’Âge d’argent, injustement oublié ou du moins méconnu. Ne sont connus de lui, en français, que son roman Les Ailes et deux ou trois autres publications, en prose également.
Né en 1872, mort en 1936, sous Staline, Kouzmine a vécu à St-Pétersbourg.

Avant la Révolution de 1917, il a été connu comme l' »Oscar Wilde de St-Pétersbourg » et, remarqué pour son dandysme, passait pour « l’homme aux 365 gilets ». Réalité ou légende ?

Les Amis de Masques et de Persona

La revue Masques se voulait la revue des homosexualités (remarquez bien le pluriel !). De grande qualité, elle a précédé la maison d’édition Persona dont vous possédez peut-être le bel et troublant Livre Blanc avec textes et dessins de Cocteau, enfin sorti de la clandestinité.

Masques et Persona ne sont plus. Mais autour d’Alain Lecoultre s’est constituée l’Association Les Amis de Masques et de Persona.

En voici le lien. Vous en apprendrez plus sur son site. La vie des gais – on ne disait pas, pas encore LGBT – à l’époque a en effet de quoi nous en apprendre

http://www.revuemasques.fr/Historique.html/Historique-naissance.html