Salon des éditeurs indépendants 2009

Les 20,21 et 22 novembre 2009, le 7ème Salon international des éditeurs indépendants s’est tenu à l’Espace des Blancs Manteaux, à Paris sous l’égide de l’Association l’Autre Livre.

Plus de 150 exposants y ont pris part, des plus modestes aux plus importants comme les éditions Allia, La Musardine ou Sulliver. ErosOnyx ÉdItions y était présent pour la première fois, aux côtés des éditions Quintes-Feuilles.
Nous avons reçu un grand nombre de visiteurs intéressés par nos publications, d’auteurs aussi, jusqu’à une traductrice patentée intéressée par l’un des ouvrages exposés.

LESBIA MAG n° de septembre 2009

Lesbia Magazine, septembre 2009

Renée Vivien, Sapho par Hélène de Monferrand

L’immense supériorité des éditions ErosOnyx quand ils rééditent Renée Vivien, c’est que lorsqu’il s’agit d’une traduction, ils nous donnent le texte grec et c’est un régal. Certes il manque quelques beaux fragments du papyrus d’Oxyrhynchos qui n’avaient pas encore sinon découverts du moins exploités, et c’est dommage car on aurait aimé savoir ce que Vivien en aurait fait, mais telle quelle cette traduction-adaptation (parce que Vivien sollicite parfois le texte) est nécessaire. Elle avait une vision bien peu historique de la vie à quotidienne Lesbos vers 600 avant JC, mais elle avait au moins la certitude que la Lesbienne était lesbienne et cette vision pour nous évidente était rare en 1900. Cette édition vaut aussi par sa préface et son « apparat critique ». Quand j’ai ce genre de livre entre les mains je ne regrette pas mes neuf années de grec … soit dit en passant.

Accent, drame et beauté de Renée Vivien : le témoignage d’un connaisseur

Renée Vivien : « servir sa gloire et son nom ».

L’ouvrage collectif Renée Vivien à rebours se clôt par une série de Documents inédits de et sur Renée Vivien, offerts pour la première fois au public par Jean-Paul Goujon. Nous avons particulièrement retenu le 14ème document, Lettre de G. Jean-Aubry à Yves-Gérard Le Dantec, qui est un encouragement supplémentaire, si besoin était, à la réédition des œuvres poétiques de Renée Vivien. Voici cette lettre citée in extenso par souci d’impartialité, datée du 12 novembre 1941, « à un moment où l’ordre moral, écrit Jean-Paul Goujon, était de nouveau à l’honneur en France » :

« Cher Monsieur et ami,

Je viens de lire avec un intérêt soutenu votre livre sur Renée Vivien (Femme damnée, femme sauvée, Aix-en-Provence, 1930 NdE) et je vous remercie particulièrement de me l’avoir envoyé. Il y avait longtemps, très longtemps, que je n’avais lu des vers de la poëtesse, encore que certaines pièces me fussent bien demeurées dans la mémoire. Mais vos citations et vos remarques ont ranimé en moi des souvenirs à peine sommeillants. À vous dire vrai, et parce que je viens de faire de celle-ci un usage tout récent, je trouve en Renée Vivien un bien plus grand et plus profond poëte qu’en Marceline, dont les quatre cinquièmes sont à désespérer d’ennui et d’une fluidité douteuse d’eau de vaisselle. Le public, qui n’entend nécessairement rien à l’art, préférera toujours les « bons sentiments » de l’auteur des « Roses de Saadi » aux mauvais de la poëtesse sapphique. Mais il y autrement d’accent, de drame et de beauté chez celle-ci, et un souci et une connaissance de son instrument qui laissent loin derrière même Anna de Noailles.

Il est évidemment dommage qu’elle ait eu – en dehors de ses vers ‒ si mauvais goût et que son peintre ait été Lévy-Dhurmer, plutôt que tel autre, Redon par exemple ou quelque autre. Mais Marcel Proust a bien associé ses pages à la peinture de mirliton de Madeleine Lemaire. Toutefois le mauvais goût et l' »esthétisme » de Renée Vivien n’entament pas la substance à la fois solide et frémissante de son œuvre.
Je ne crois pas que l’heure de la justice puisse sonner encore pour ce poète (car ce n’est pas qu’une poëtesse) ; les malheurs de ce temps nous préparent, je le crois bien, une ère de pruderie et de mauvais goût officiel qui rappellera les meilleurs moments où Renée Vivien naquit. Il ne faut donc pas espérer qu’on place ses œuvres au rayon que nous lui accordons dans notre pensée.

Peut-être une anthologie servirait mieux sa gloire et son nom : un petit volume très mince réunissant quelques-unes des maîtresses pièces comme on fait pour les « classiques » ou simplement pour les tables de boudoir. Cela ne nous contenterait pas, mais serait mieux que le silence, l’oubli ou l’ignorance. Un petit recueil imprimé sobrement. Je sais bien que cette œuvre n’est pas, comme l’on dit si justement, « tombée dans le domaine public » : mais peut-être obtiendrait-on de Lemerre ou des successeurs de Sansot ce « prélèvement » d’une parcelle de cette cendre encore chaude.

Je suis voisin de son tombeau et déplore que cette demeure dernière de notre Sappho voisine avec la chapelle sarmate de cette « Notre-Dame du sleeping-car », comme disait Barrès, de cette Marie Bashkirtseff qui n’avait que des prétentions. Il y a du « guignon » dans la vie de Renée Vivien comme dans sa mort et sa tombe : elle est de la famille de Poe et de Baudelaire, famille maudite par les familles mais où les Dieux et Dieu reconnaissent les leurs.

Que ne nous donnez-vous ce nouveau « choix » ? L’asphodèle vaut bien la violette : on n’aurait pas de peine à ranimer des fleurs pour cette tombe : elles sont dans l’ombre, mais non point fanées et méritent mieux que « l’exil des tombes », comme disait Villiers.

Très amicalement à vous
G. Jean-Aubry

In Renée Vivien à rebours, étude pour un centenaire, Paris, Orizons, 2009 pp. 220-221

LA RUMEUR, film en noir et blanc de William Wyler, 1961

La Rumeur, film de 1961 de William Wyler, en DVD Métro-Goldwyn-Mayer, 2004

Quand finira-t-on de dire et de lire que ce film méconnu de l’auteur du sensuel et mythique Ben-Hur (1959), n’est que le triste reflet d’une époque puritaine où deux femmes qui s’aiment ne peuvent que se taire, se marier ou mourir ?

Tout d’abord, avant le suicide final, il y a la longue et très claire déclaration d’amour de Martha (Shirley MacLaine) à son amie d’enfance Karen (Audrey Hepburn). Ce long monologue est à lui seul un morceau d’anthologie. Mais il y a aussi la scène finale qu’il faut voir et revoir pour en comprendre toute la portée : elle mêle le travelling avant et la contre-plongée sur Karen métamorphosée. Après les obsèques de Martha, après l’hypocrite douleur des assistants, Karen marche, marche dans l’allée entre les tombes, quitte le cimetière sans jeter un regard à quiconque, pas même au beau Dr Joe Cardin (James Garner) qui lui promettait le mariage et qu’elle écoutait par méconnaissance d’elle-même. Karen passe entre les voitures noires, s’échappe, les yeux levés vers les feuillages et le ciel, avec une surprenante lueur printanière dans le regard.
Le titre original du film, The children’s hour (qui fut d’abord une pièce), pourrait se traduire par Quand les enfants ont tous les droits. C’est en effet une autre audace de William Wyler de dénoncer la perversité dont sont capables les enfants, ici des fillettes de bonne famille qui cherchent à échapper à leur pensionnat.

Et si la vie et la liberté étaient au bout de la rumeur et de la mort qu’elle a entraînée ? Karen porte désormais Martha en elle, Martha vit en Karen.

S’ajoute à la force de ce film la beauté de ses images et portraits en noir et blanc.

Renée VIVIEN à rebours

Renée Vivien à rebours, Études pour un centenaire, Orizons, 2009

Renée Vivien s’est éteinte le 18 novembre 1909, il y a donc un siècle. Ce qui est remarquable dans ce livre d’hommages, lorsqu’on lit les faisceaux croisés de l’ouvrage collectif sous la direction de Nicole G. Albert, c’est que l’on n’en finit pas de sonder le mystère de l’icône paradoxale que fut et que reste Renée Vivien à la frêle vie si fugace, à l’œuvre si abondante.

Après quelques pages sur la femme de lettres atypique qu’elle fut, entourée à la fois de silence et de vénération, nous dit Nicole G. Albert dans l’introduction, chaque article, soigné et documenté, nous propose d’entrer dans une galerie du labyrinthe :
Soif boulimique de l’adolescence ; extraordinaire audace de l’affirmation d’un moi saphique revendiqué jusqu’à l’inadmissible, pour une époque et un milieu faussement décorsetés ; oscillation permanente entre fierté et échec, distance et confiance à l’égard de sa propre création ; usage à rebours de la photographie pour dire un moi authentique, tantôt rêveur, tantôt serein, et surtout androgyne, un moi jamais réduit à une pose théâtrale de pacotille ; amour des « phares » littéraires qui concourent à guider sa propre affirmation, comme le Dante de la fierté et non de la soumission ; mysticisme d’aveugle sans religion révélée et qui cherche à tâtons son idéal religieux de l’amour ; va-et-vient permanent entre la réalité et la virtualité du désir, entre les femmes de désir et les femmes de douceur, entre la chair et la « décorporation » chaste ; silence et aphasie autant que profusion du verbe ; masques et mythologies multiples, homme, femme, enfant, écrivain, fantôme de tombeaux, toujours pour cerner un moi en permanente contradiction ; courage prométhéen de rendre à la féminité la place volée par l’androcentrisme et de se faire helléniste pour puiser aux sources vives de la création féminine ; pied de nez, dans les œuvres dites morbides, à tous les bien-pensants, par la revendication de la nuit, du satanisme, du vampirisme ; mélancolie de l’avant et de l’après du plaisir, en l’absence d’un maintenant heureux, incapacité de saisir le parfum d’âme de la femme, être toujours en attente ou en deuil ; mort lente de sa vie et vie étrange du pèlerinage incessant à sa tombe de Passy ; vie crépusculaire où voisinent le jour et la nuit, la mort et la vie…

Le livre propose autant d’approches, fines et poétiques dans leur style même, qui cherchent chacune à capter une nuance de ce paradoxe fait femme que fut Renée Vivien. Ce livre est aussi un gage de plaisir pour qui veut lire Vivien aujourd’hui, la dire, embrasser son exquis entrelacs d’aube et de crépuscule.

Nous n’en finissons pas, nous n’en finirons pas – et c’est une des forces de ce livre d’en témoigner – avec le mystère Vivien, la passion Vivien, l’infixable vertige des nuances du violet de Vivien. Ce livre aux facettes diverses nous montre qu’avec Vivien, comme avec tout grand auteur atypique, on ne va à rebours que pour mieux aller vers l’avant.

L’ARCANE INDIEN

L’arcane indien, Récit apocryphe, introduction et notes de Jean-Claude Féray, Quintes-feuilles, 2002

L’arcane indien : miracle vraiment qu’ait échappé au ravage des siècles et à la censure des pudibonds ce double récit en abîme où la tendresse d’aimer affronte les barbaries.

Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle ‒ suppose l’éditeur, heureux dépositaire de ce document ‒ se situe cette histoire picaresque et bigarrée : un jeune Portugais revient dans son Pondichéry natal avant d’aller arracher un ami aux griffes de l’Inquisition de Goa. Les deux personnages partagent le même goût des amours garçonnières interdites, l’un pour en mourir, l’autre pour en vivre et atteindre, après avoir bu jusqu’à la lie bien des coupes d’amertume, une séraphique et sensuelle béatitude.

Récit d’aventures, sentimental et érotique, L’arcane indien, c’est la résurrection d’un temps lointain et troublant où l’amour réciproque des hommes et des sylphes osait s’appeler l’amour et se vivre comme tel. Il faut lire et savourer ce conte tout à la fois noir et fleur bleue, écrit d’une plume limpide, aux images gourmandes, pour éviter de parler d’enfer quand il faudrait parler de paradis perdu et d’innocence de cœurs libres simplement accordés à des corps tout aussi libres.

Une librairie au pays de la gentiane

Une librairie dans les montagnes

Qui s’attendrait à trouver dans une petite ville du Cantal, Riom-ès-montagnes, au pied du Puy Mary, une petite et vraie librairie, qui depuis des années lutte pour conserver son indépendance ? Oui, c’est tout à fait inattendu. Improbable comme on dit aujourd’hui.

Cette petite et vraie librairie dont je vous parle n’est pas la librairie Boissonnade depuis longtemps disparue. Elle s’appelle Livres différents, située 14 place de la Halle. Combien elle mérite son nom, plus soucieuse qu’elle est de défendre le catalogue des petits éditeurs que de favoriser les best sellers des grandes maisons, plus attentive à la qualité aussi bien littéraire que matérielle de leurs publications qu’aux livres des auteurs à la mode célébrés à grands renforts de publicité et de battage médiatique.

On y entre, comme dans une chapelle, un peu intimidé et curieux à la fois, d’abord surpris par la lumière mesurée qui l’éclaire. Puis les yeux s’y font vite et découvrent des rayonnages remplis de vrais trésors, des livres d’aujourd’hui certes – et nous remercions ici le libraire, Jean-Jacques Bellet d’y présenter bien en vue toutes les publications d’ErosOnyx Éditions – , mais aussi des livres épuisés, introuvables même, des éditions originales… Vous y trouverez de livres de poche sans doute , mais bien d’autres aussi, des grands formats, d’Yves Navarre, de Jean-Louis Bory, d’Hervé Guibert, de Guyotat … Vous y découvrirez des raretés, livres neufs comme d’occasion puisque ce libraire est aussi un bouquiniste.

Chapelle, avons-nous dit. Oui, assurément, car on y sent dès qu’on y entre que le livre y est l’objet d’un culte authentique et non pas de commerce seulement. Mais c’est tout autant une caverne d’Ali Baba : dans le désordre où Jean-Jacques Bellet, lui, sait se retrouver, en piles ici et là qu’il faut parfois enjamber, dans des recoins jusqu’auxquels il faut se faufiler, partout on y est entouré de livres, de beaux livres et même de disques puisque le libraire a commencé par être disquaire, des vinyles aussi bien que des CD, et puis on y trouve des vidéo cassettes, des DVD … Mais là, attention ! Il est signalé que c’est un espace réservé aux adultes. De toute façon, un enfant ou même un adolescent n’aurait rien à y faire, aux Livres différents. Inutile d’y chercher des bandes dessinées et il vaut mieux pour un collégien acheter ses livres à la bourse aux livres ! Toute une littérature et des films (anciens pour la plupart) que les Fnac ou Virgin cataloguent sous la rubrique « livres gays et lesbiens » est là à portée de vos regards, avant de l’être à votre main si vous parvenez à vous frayer un chemin dans l’espace, pourtant réduit, de ce merveilleux capharnaüm, aux moulures 1900 du plafond, peintes en marron et juxtaposées à du papier d’argent en haut des murs.

Librairie différente pour des livres différents. Y viennent des lecteurs avertis, et fidèles, qui aiment être dérangés, voire bousculés, Jean-Jacques Bellet finit par connaître leurs exigences et leurs préférences. Comme lui, ils aiment les chemins de traverse et les vertiges que peut donner un livre.

Nous souhaitons une longue vie à ce lieu si singulier. Puisse-t-il recevoir votre visite si vous passez à Riom-ès-Montagnes. Il est ouvert tous les après-midi des jours de semaine.

Mythologie gayment racontée à paraître le 8 octobre 2009

Mythologie gayment racontée

de Yvan Quintin (texte)
et Steinert Hannes (Illustrations)

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

critiqué par Spiderman, le 1 septembre 2009

La note: 5 étoiles

Tous contes faits, les Grecs étaient vraiment des …
hommes qui aimaient les hommes. Avec des codes et des principes dont dieux, demi-dieux et hommes de légendes ne s’encombraient pas autant que leurs contemporains antiques. Et quand un brillant helléniste de la culture et de l’audace d’Yvan Quintin décape les récits que deux mille ans de civilisation judéo-chrétienne ont enrobé de pudibonderie et de norme hétérosexuelle, on aboutit à un délicieux recueil d’histoires gaies … à ne pas mettre entre toutes les mains !

Hannes Steinert a pris des libertés avec les conventions antiques, pour lesquelles un bel homme avait sexe de petite taille, et nous offre de beaux garçons aux instruments de séduction et de plaisir en harmonie avec leurs statures d’athlètes ou d’éphèbes.

Yvan Quintin cite ses sources : il a regroupé les meilleurs auteurs grecs pour concentrer en de courts récits vivants et évocateurs les émois, étreintes, jalousies et rivalités de personnages qui font partie de notre héritage culturel, falsifié sous l’influence de Saul de Tarse, grand censeur de la secte des Nazaréens au fabuleux essor historique.

Seize contes sont offerts au plaisir du lecteur ayant des goûts similaires mais également à tous ceux et toutes celles qui ont envie de découvrir ce que le ni le professeur, ni le manuel d’histoire de la classe de sixième en France, n’ont pu évoquer avec autant de clarté et de finesse.

Vu du Québec encore, au mois d’aôut

MYTHOLOGIE GAYMENT RACONTÉE
2009-08-16

Par Yves Gauthier

Avec son dernier ouvrage, Mythologie gayment racontée, une fois de plus Yvan Quintin fait œuvre didactique. Et les éditions ErosOnyx font un
travail gigantesque d’information en ce qui a trait à l’altersexualité.
En utilisant ses lectures et en effectuant les recherches nécessaires,
Quintin apporte un éclairage sans équivoque sur les mœurs de la Grèce
antique.

Les dieux et les mortels pouvaient cohabiter et surtout partager leurs
goûts pour la beauté d’éphèbes qui ne demandaient pas mieux que de
satisfaire leur appétit pour le plaisir et l’amour. De Zeus, le roi des
dieux, à Apollon en passant par Orphée et combien d’autres l’amour entre hommes était on ne peu plus normal.

À Thèbes, de jeunes gens, amoureux l’un de l’autre, pouvaient combattre l’ennemi jusqu’à la mort. L’un suivant parfois l’autre pour ne pas être le seul survivant et devoir vivre sans l’amour de l’autre.

Ce que Mythologie gayment racontée montre par-dessus tout, c’est que ce que peut être l’acceptation sociale de l’homosexualité et qu’il n’est de
meilleure preuve de cette acceptation que son intégration positive dans
la mythologie et les croyances religieuses. Les religions modernes,
dites révélées et monothéistes, n’entrent pas dans cette catégorie.
Quintin réussit à démystifier l’autre sexualité.

Yvan Quintin remet donc en question les croyances castratrices de nos
sociétés contemporaines vis-à-vis l’altersexualité et il ne reste qu’à
souhaiter que l’Olympe reprenne sa place.

Il est à noter que l’ouvrage est rehaussé par de magnifiques
illustrations de Hannes Steinert.

Yvan Quintin s’intéresse à la fois aux lettres anciennes et à la littérature érotique. Il a publié en 2001 L’odeur du buis, roman, (2001) Amours grecques, traduction du grec ancien de petites pièces érotiques (2005) et un recueil de nouvelles, Fleur de chair (2007).

Hannes Steinert vit et travaille à Stuttgart. Depuis 1982, il a participé à de nombreuses expositions en Allemagne et à l’étranger, et illustré livres et catalogues, dont le dernier s’intitule Plaisir d’amour (2008).

www.erosonyx.com

CE VIEUX REVE QUI BOUGE, d’Alain Guiraudie

Film personnel et attachant à voir impérativement, insolite assurément car y sont mêlées cause ouvrière et sexualité.

Sexualité ? Il s’agit même d’homosexualité : Jacques, jeune technicien, est embauché afin de démonter une machine, embauché juste pour une semaine, la dernière de cette usine qui va fermer ses portes. Reste une poignée d’ouvriers occupés… à ne rien faire en attendant la prime de licenciement. Jacques est jeune, beau garçon, désirable. Le contremaitre contrôle de temps à autre son travail, mais la raison de sa « surveillance » est tout autre. Jacques, de son côté, ressent pour lui une certaine attirance.

Le chômage, l’avenir incertain, le rapport au travail, le montant de la prime, les charges de famille des uns ou des autres … ces sujets relèvent de la question sociale. Mais le désir circule encore et, rare mérite de ce film, il y s’agit du désir homosexuel dans toute son évidence, sans complaisance facile, en toute franchise et surtout, surtout, sans poncif aucun , sans clichés, sans conventions…

Un « stupéfiant […] métrage hors normes », écrit Didier Roth-Bettoni dans son remarquable ouvrage « L’homosexualité au cinéma » (p.617)

1 DVD Shellac Sud, avec en complément Tout droit jusqu’au matin court métrage d’Alain Guiraudie, et Après la lutte de Chloé Schialom, débat public autour du film avec le réalisateur. Le DVD est accompagné du livret du scénario.