Revue INVERSES 8, juin 2008 : Fleur de chair.

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Quintin Yvan, Fleur de chair, Cassaniouze, ErosOnyx Editions, 109 p.

En six courtes nouvelles, Yvan Quintin nous parle d’amour, de l’Antiquité à nos jours. Une seule est consacrée à l’amour entre femmes, les autre à l’amour entre hommes. Citons Judith, de la nouvelle éponyme, une jeune juive qui va être victime, pendant la seconde guerre mondiale, de l’amour exclusif que lui porte une femme jalouse. Ou encore, un homme et un adolescent en rupture de ban qui décident de s’embarquer ensemble à bord d’un bateau pour y vivre leur amour interdit (Fugue). Dans Liberté de mai, deux hommes victimes d’une rafle de police, dans les jardins des Tuileries, trouvent l’amour dans les bas-fonds sordides d’un commissariat de police. Histoire ancienne revisite l’Enéide et et évoque les amours malheureuses de deux jeunes guerriers romains qui trouvent la mort au combat. Quant au Fiacre, du nom d’un cabaret, elle nous raconte l’histoire d’un jeune étudiant parisien qui éprouve des difficultés à assumer son homosexualité dans la France des années soixante-dix.

Yvan Quintin s’est essayé avec bonheur à l’art si subtil de la nouvelle, qui suggère plus qu’il ne doit dire.

Patrick Dubuis, revue INVERSES 8, juin 2008

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Temporel.fr, 1er mai 2008 : Renée Vivien, Études et Préludes. Cendres et Poussières, Sapho.

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Renée Vivien, Études et Préludes. Cendres et Poussières, Sapho. Aurillac : ErosOnyx Editions, 2007.

Réédition de poèmes de Renée Vivien par une jeune maison d’édition.

« Chanson

Comment oublier le pli lourd

De tes belles hanches sereines,

l’ivoire de ta chair où court

Un frémissement bleu de veines ?

N’as-tu pas senti qu’un moment,

Ivre de ses angoisses vaines,

Mon âme allait éperdument

Vers tes chères lèvres lointaines ?

Et comment jamais retrouver

L’identique extase farouche,

T’oublier, revivre et rêver

Comme j’ai rêvé sur ta bouche ? »

Voir en ligne http://temporel.fr/En-bref,344

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Temporel.fr, 1er mai 2008 : Pierre Lacroix, Bleus.

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Pierre Lacroix, Bleus. Aurillac : Nix & Nox, 2007.

Long poème en prose à l’amour. Pierre Lacroix écrit d’une très belle plume, sensuelle, et revendique son homosexualité.

« La première fois, c’était à quinze ans, aux vacances de Pâques, quand les sous-bois s’anémonent. Les livres m’avaient dit qu’elle est la fleur du vent, et les promenades l’haleine du printemps. Sur ma table de nuit, dans une fine coupe à champagne trouvée en haut du buffet, je faisais flotter sur l’eau leurs corolles coupées. Il devait y en avoir dans le bouquet de mariée de ma mère, sur la nappe du repas de noces. On les voit neigeuses quand on est gosse. A quinze ans, j’ai vu les touches violacées qui les doublent, leur pâleur mauve de muqueuses. J’ai vu les bois et les talus de mars, semés d’anémones pour le bal au grand vent des pans et des dryades. Maintenant, je sais. Elle a sa place dans ma flore. Anémone sylvie, première fleur blanche de ma vallée sans perce-neige, fleur des essors timides, des mystérieux appels du vent d’adolescence, fleur des fugues dans les bois, des fugues dans les draps. » (p. 67)

Voir en ligne http://temporel.fr/En-bref,344

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Têtu mai 2008 : brève sur Renée Vivien

Renée Vivien, fille de Sapho par Ursula de Aguila

Poétesse lesbienne de la Belle Époque ou Sapho 1900, amante malheureuse de la volage Natale Barney, Renée Vivien vient d’être rééditée chez ErosOnyx, une nouvelle maison d’édition gay et lesbienne; Née à Londres en 1877, Pauline Tarn choisit de vivre à Paris pour écrire son oeuvre, aime et exalte l’amour entre femmes, de sa somptueuse plume symboliste où les pâles chevelures, les violettes et les paupières closes des blondes amantes sont légion. Elle eut un destin de poète maudit. Écrasée par les plaisirs, les drogues et la mélancolie, elle mourut à 32 ans, en nous laissant une oeuvre unique. A conseiller aux âmes romantiques.

Renée Vivien, poétesse éternelle, par Marie-Jo Bonnet, Lesbia Mag avril 2008

Les toutes nouvelles éditions ErosOnyx, dirigées par de fins connaisseurs de la littérature, viennent d’avoir la délicate attention de consacrer leur troisième volume à Renée Vivien (1877-1909) (…) poète (…) et traductrice de Sappho, avec sa biographie de Psappha complétée par ses Odes, Épithalames et Fragments.

Permanence de Renée Vivien, en dépit d’un imaginaire fin de siècle hanté par sa disparition prochaine, qui n’en finit pas de nous émerveiller avec ses vers rigoureux où, pour la première fois, une femme ose chanter ses amours « saphiques ».

Grandeur d’une présence poétique à une époque où les adversaires du féminisme sont de féroces misogynes. « L’une de nos plus éhontées féministes, [écrit Théodore Joran en 1908] une certaine Renée Vivien, ne s’est-elle pas faite, dans un livre de mauvais vers que les femmes riment dans leurs moments perdus, la prêtresse moderne des « amours lesbiennes » ? Cette Sapho mêle sans cesse à son lyrisme des délectations féministes. » (…)

Renée Vivien (…) revient aux sources mêmes de la langue amoureuse par delà les modes et les courants littéraires. Au nom de la beauté, contre la morale, Renée Vivien ouvrira la porte à Natalie Clifford-Barney, Colette, Lucie Delarue-Mardrus et tant d’autres.

Ce n’est pas la première réédition de ces poèmes, expliquent les éditeurs dans une passionnante introduction placée sous le signe des violettes (…) Ce délicieux petit livre, fabriqué avec amour et compétence, nous donne le plaisir de replonger dans un monde poétique si différent du nôtre, qu’il nous en apprend certainement plus sur nous-mêmes que les plus savantes études de notre époque.

Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ?, de Marie-Jo Bonnet, chez Odile Jacob, 2004

Le désir de la femme pour la femme est l’objet d’une occultation massive depuis l’Antiquité. Et pourtant, il ressurgit constamment au cours de l’histoire, malgré sa répression, sa négation ou la fausse indifférence qu’il suscite aujourd’hui. C’est donc un fait historique, une donnée anthropologique, quoi qu’on en pense. N’est-ce pas, par excellence, une transgression des normes sociales ? Des stéréotypes féminins ? Du modèle phallique, voire de la place qu’on consent encore aux femmes dans la Cité ?

Marie-Jo Bonnet pousse sa réflexion sur le désir lesbien comme instrument radical de libération. À cet égard, elle livre une analyse originale de l’expérience du MLF, des débats récents autour de l’homosexualité, de la lesbophobie persistante. Mais le désir quel qu’il soit est avant tout une expérience singulière et complexe. Elle dresse ainsi un tableau inédit des différentes figures de l’amour lesbien à travers la littérature, chez des auteurs classiques comme Marguerite Yourcenar, Violette Leduc, Simone de Beauvoir, Djuna Barnes, plus récents comme Monique Wittig, Anne Garreta et Christine Angot, ou encore plus inattendus comme Madame de Sévigné. Le désir de la femme pour la femme : un instrument permettant à la femme de conquérir un espace de création et de liberté ? Telle est la thèse de Marie-Job Bonnet.

Un panorama des grandes figures littéraires et intellectuelles de l’amour lesbien.

Une réflexion originale sur “ le féminin ”.

Le livre le plus abouti d’un auteur engagé.

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Les femmes artistes dans les avant-gardes, de Marie-Jo Bonnet, chez Odile Jacob, 2006

Marie-Jo Bonnet est historienne et écrivain.

Les avant-gardes en art ne sont-elles pas misogynes ? Censées être le lieu de toutes les libertés, de toutes les ouvertures, n’occultent-elles pas, elles aussi, en toute bonne conscience, la contribution des femmes ? Si la pratique artistique féminine a toujours été riche et abondante en France, l’opposition des institutions l’a longtemps cantonnée à un rôle subalterne, montre Marie-Jo Bonnet. Tout a-t-il changé avec le XXe siècle, alors que tout semblait éclater ? Certainement pas. Bref, êtres sensibles et délicats, les femmes seraient toujours bornées aux arts mineurs, à la méconnaissance, à la simple exposition narcissique. Alors qu’Annette Messager a été choisie pour représenter la France à la biennale de Venise, où en est-on ? Peut-on encore soutenir que, si les femmes sont moins bien considérées en art, c’est parce que leurs œuvres seraient de moindre valeur que celles des hommes ? Un ouvrage polémique qui montre la persistance des clichés et des conformismes sexistes dans le milieu de l’art contemporain.

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La revue INVERSES

http://www.inverses.fr/

Dans la tradition des revues culturelles ayant trait aux homosexualités (Sodoma, Forum, Reverso, The Gay & Lesbian Review…), Inverses se propose de combler, depuis 2001, date de la sortie de son premier numéro, un vide laissé en France par la défunte Masques.

C’est une publication annuelle de la Société des Amis d’Axieros. De son vrai nom Pierre Guyolot-Dubasty, il s’agit d’un écrivain du début du XXe qui, pour être mineur, n’en était pas moins un homme d’une grande liberté de pensée et d’expression. Dans son principal texte, Platoniquement, il défend l’homosexualité – masculine et féminine – avec conviction, érudition et intelligence.

Les articles de fond d’Inverses s’attachent à l’étude des rapports entre les homosexualités et les domaines des littératures et des arts. Quant à son annuaire, il recense, toujours sur la même thématique, les principaux livres et films sortis l’année précédente. Les plus intéressants font l’objet d’un résumé de la part des collaborateurs habituels: D. Cenci, L. Engelhard, E. Fontvieille, M. Lucien, F. Marnevard, G. Rossi, T. Sarazin, X. Vives…

De nombreux domaines de la littérature française mais étrangère aussi ont été traités car Inverses se veut résolument ouverte sur l’Europe et sur le monde. La littérature française médiévale a été illustrée par T. Revol, contemporaine par V. Simonet et F. Merger. En littérature étrangère, un dossier entier a été consacré au domaine italien (cf. Inverses 4 sorti en avril 2004) avec la collaboration de S. Bolognini, D. Danna, F. Gnerre et G. Turchi. N. Balutet et A. Haderbache ont écrit sur le domaine hispanique. D. Bengsch a contribué à mieux faire connaître le domaine allemand. M. Renouard, J.-C Féray et P. Pollard nous ont fait partager leur connaissance de la littérature anglo-saxonne. Plus loin de nous dans l’espace, C. Comentale et L. Long ont exploré l’univers chinois et S. Bakshi a dépeint celui de l’Inde.

Une approche thématique, illustrée notamment par la SF (textes de S. Minne et P. Clermont), et une approche sociologique ou encore socio-linguistique (textes de V. Simonet) ont constitué d’autres champs d’exploration. Par ailleurs, chaque numéro a consacré au moins un article à l’art pictural (textes de R. Novion, P. Absalon et P. Dubuis).

Plus récemment, Inverses s’est ouverte à la fiction et favorise la découverte de jeunes écrivains encore peu connus en France: Håkan Lindquist, M. B. Bianchi.

Inverses est désormais une revue de référence, incontournable pour qui s’intéresse aux homosexualités, aux littératures et aux arts.

Corydon Citoyen, de Monique Nemer, chez Gallimard

Corydon Citoyen : Essai sur André Gide et l’homosexualité

Il y a un paradoxe Corydon. André Gide estimait qu’il n’avait jamais été plus utile au progrès de l’humanité qu’en écrivant ces dialogues socratiques sur la pédérastie. Mais, à ne considérer que ce texte, se risquerait-on aujourd’hui à accompagner le  » contemporain capital  » dans un tel jugement ? Et pourtant, qui peut nier l’importance de ce geste trop oublié : publier Corydon ? L’essai de Monique Nemer explore la portée et les enjeux de la prise de parole gidienne sur l’homosexualité, non au seul plan de l’histoire littéraire mais à celui, plus large, de l’histoire des mentalités. Quels en furent le contexte, les motivations et les prolongements, publics et privés… et partant, quelle en fut la radicale singularité ? Avec la publication, en 1924, de Corydon et, en 1926, de Si le grain ne meurt, ses Mémoires, Gide fut bien le premier grand écrivain européen à faire ce qu’il est convenu d’appeler désormais son coming out. Ce que n’ont fait ni Wilde ni Proust, ni Cocteau ni Montherlant. Car Gide, lui, a choisi de dire et de se dire, à la première personne. Et de mettre en jeu sa notoriété et son autorité dans ce qui, plutôt qu’un aveu, était l’énoncé d’un fait qu’il voulait indéniable, au revers de toutes les coalitions assujettissant les homosexuels à une triple obligation de mutisme, d’invisibilité et de négation d’eux-mêmes. Pourquoi a-t-on gardé si peu de mémoire de ce combat intellectuel, moral et finalement politique ? Il faut rendre justice à la cause comme à la constance de celui qui la défend : le  » droit de cité  » pour l’homosexualité, et de citoyenneté pour l’homosexuel.

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