RENÉE VIVIEN, Poèmes 1901-1910

Le Pilori

Pendant longtemps, je fus clouée au pilori,

Et des femmes, voyant que je souffrais, ont ri.

Puis, des hommes ont pris dans leurs mains une boue

Qui vint éclabousser mes tempes et ma joue.

Les pleurs montaient en moi, houleux comme des flots,

Mais mon orgueil me fit refouler mes sanglots.

Je les voyais ainsi, comme à travers un songe

Affreux et dont l’horreur s’irrite et se prolonge.

La place était publique et tous étaient venus,

Et les femmes jetaient des rires ingénus.

Ils se lançaient des fruits avec des chansons folles,

Et le vent m’apportait le bruit de leurs paroles.

J’ai senti la colère et l’horreur m’envahir.

Silencieusement, j’appris à les haïr.

Les insultes cinglaient, comme des fouets d’ortie.

Lorsqu’ils m’ont détachée enfin, je suis partie.

Je suis partie au gré des vents. Et depuis lors

Mon visage est pareil à la face des morts.

À l’Heure des Mains jointes (1906)

Un siècle exactement après sa mort, ne serait-il pas temps de détacher la « Muse aux Violettes » et « Sapho cent pour cent » du pilori auquel elle est encore « clouée » dans les Lettres françaises, et de rendre justice à son œuvre poétique ? Le lecteur trouvera dans ce volume de 360 pages dix recueils signés Renée Vivien, dont trois sont posthumes, qui permettront de donner à cette femme poète la place qu’elle mérite.

ISBN 978-2-918444-00-8 Collection Classiques

Format 16 x 24 360 pages 39 €

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YVAN QUINTIN, Mythologie gayment racontée

Sur un thème trop longtemps et trop souvent passé sous silence, celui des amours masculines des dieux, héros ou simples mortels, ce livre reprend des mythes ou des légendes antiques, grecs pour la plupart et les raconte en s’appuyant à la fois sur des sources anciennes et l’imagination.

Hannes Steinert, artiste allemand, illustre à sa manière ce monde homoérotique d’avant le péché.

Format 16 x 24 112 pages 25 €

ISBN 978-2-9529499-8-9 Collection Éoliens

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PIERRE LACROIX, Homo Pierrot Tome II Sous les toits de Paris

Les voici, Erwan et Pierrot, qui maintenant s’en sont allés à Paris, pour continuer à vivre leur aventure amoureuse, l’aventure d’une vie ensemble. Homo Pierrot II se passe donc « sous les toits de Paris », comme l’indique le sous-titre. La vieille morale craque de partout, dans le vent qui souffle après 68. Tous deux se laissent griser par leur vie nouvelle, mais Paris ne manque pas non plus de tentations, d’abord celle, facile, d’autres corps et l’argent, lui, y est difficile à gagner. Entre les amants les plus fous ou les plus résolus, des lames peuvent imperceptiblement se glisser.

Et puis, il y a un mal, souvent oublié dans le monde moderne, qu’on appelle le mal du pays, et qui rend son déracinement insupportable à l’un des deux amis. Comment être heureux dans ces conditions ? Que va-t-il arriver à Erwan et Pierrot sous les toits de Paris ? Le meilleur et le pire, comme il arrive aux couples que la perfection même de leurs débuts a rendus plus vulnérables, quand un jour la vaillance et la grâce de s’aimer viennent se heurter à une fatalité du dedans, la nostalgie.

ISBN 978-2-9529499-7-2 Collection Éoliens

Lettrage de couverture ; Carlotta L

Format 14 x 19 136 pages

19,00 €

Photo © Diane Dufresne Maman si tu m’ voyais 1977

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YANNIS RITSOS, Erotika

Voici, dans une nouvelle traduction, le recueil Erotika de Yannis Ritsos, introuvable en français depuis sa première et seule édition intégrale chez Gallimard en 1984. Chantre d’un Éros délivré, d’un Éros désinhibé à plus de soixante-dix ans, Yannis Ritsos dépasse les culpabilités d’une religiosité frileuse et craintive ou encore la fausseté du seul engagement politique. L’amour n’est ni un péché, ni un repli égoïste sur la sphère du privé. Le sang des corps s’accorde au ciel rouge pour des lendemains meilleurs.

Célébration d’un Éros total. Le poète aima la femme, les femmes mais sans ostracisme aucun à l’égard de tout autre forme d’amour.

« Tous les corps que j’ai touchés, que j’ai vus, que j’ai pris, que j’ai rêvés, Tous Condensés dans ton corps. Ô toi, charnelle Diotime, Au grand banquet des Hellènes. Les joueuses de flûte s’en furent, S’en furent les poètes et les philosophes. Les beaux éphèbes dorment déjà

Loin, dans les chambres de la lune. »

Aimer, chez Ritsos, c’est bien se laisser emporter et en même temps se faire humble devant un mystère incommensurable :

« ne dis plus rien

l’amour est un« 

Cet ouvrage a été publié avec le soutien du Centre National du Livre

ISBN 978-2-9529499-6-5 Collection Classiques

Format 14 x 19 120 pages

18,00 €

En octobre 2022, EROTIKA sortira en Poche Classiques (format 12 x19) Prix : 9 €

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RENÉE VIVIEN, Les Kitharèdes

Non seulement c’est son identité féminine que Renée Vivien avec Sapho en 1903, puis Les Kitharèdes en 1904, met en rehaut, mais c’est son saphisme même. Faut-il y voir la raison, sinon exclusive, du moins majeure de la réprobation progressive de la critique dont Renée Vivien fut l’objet et, avec elle, son œuvre ? Ce n’est pas un hasard si l’auteur du Deuxième sexe fait une place dans son livre à notre poétesse dont elle souligne et analyse la singularité : l’homoérotisme féminin qui, écrit Simone de Beauvoir, traduit « une attitude globale à l’égard de l’existence », chez Vivien engendre une œuvre.

L’œuvre de Renée Vivien, même à son corps défendant, est bel et bien un jalon dans l’histoire du féminisme et particulièrement dans ses œuvres savantes et originales, Sapho, dont ErosOnyx Éditions a donné une réédition au printemps 2007, et Les Kitharèdes. Avoir rendu la parole à ces Kitharèdes était une revanche, féminine et féministe, sur la gloire le plus souvent, trop souvent réservée aux hommes. Jusqu’à sa mort, Renée Vivien resta fidèle à cette vocation de sa courte vie.

Le recueil Les Kitharèdes reproduit intégralement l’édition de 1904, c’est-à-dire non seulement avec les notices de Vivien sur chaque poétesse, mais aussi avec les fragments grecs qu’elle traduit. Marie-Jo Bonnet, qu’on ne présente plus, a écrit l’avant-propos de cette réédition exceptionnelle.

Ci-dessous portrait d’une kitharède, d’après Lévy-Dhurmer in Renée Vivien, Les Kitharèdes, Alphonse Lemerre, Paris, 1904

21 €

176 pages

Format 14 x 19

Collection Classiques

ISBN 978-2-9529499-5-8

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PIERRE LACROIX, Homo Pierrot Tome I

ISBN 978-2-9529499-3-4

Au diable, Sodome et Gomorrhe !

Homo sum, pour plagier William Cliff, je suis homo et être humain, être humain et homo.

L’homo de ce roman est un Pierrot. Un sentimental et un rêveur, qui voudrait comme tant de nous, au fin fond de nos nuits, que le cœur ait un sexe et le sexe ait du cœur. Un Pierrot, un transi de la lune, parce que la lune, c’est de la lumière calme et réfléchie.

Le Pierrot de notre roman a eu quinze ans quand les homos en ont eu marre de porter leur croix et de baiser dans le noir.

Tout, il va tout dévorer de ce qui peut le faire grandir sans le casser, le faire passer de son enfance de fils de paysans à sa craintive adolescence et tomber amoureux d’un Arlequin de l’estrade, son professeur de lettres !

Dans ce premier volume d’ Homo Pierrot, nous accompagnons le personnage d’une étape à l’autre de sa prime croissance, jusqu’à ses quinze ans quand, un jour, au lycée …

Physiquement déjà le professeur dérangeait. […]
Lui, on le trouvait à part, incongru, d’aimer les couleurs bizarrement associées, les bagues variées sans qu’on puisse jamais y repérer l’alliance, d’aimer la soie fleurie des pochettes pour égayer les vestes, tantôt une cravate souple, tantôt le battement d’un nœud papillon, tantôt le col ouvert nonchalamment sur une ombre de poils, le tout dans un nuage de lavande vanillée … On lui en voulait, sans pouvoir l’avouer, de n’avoir pas le physique de l’emploi.

Un jour d’automne, la peau souple et moirée d’un pantalon de daim, patiné à la braguette, transgressa bien trop loin l’interdit de vie du corps et surtout du sexe qui pèse sur tout professeur au travail, et mit le feu à la rumeur : le prof était …

Pierre Lacroix est né en 1955. Il vit, travaille et écrit en Auvergne qu’il a quittée puis retrouvée. Après Bleus paru en 2007, récit de l’illusion éphémère d’une nuit d’amour sur le sable d’une île, peau contre peau, cœur sans cœur, c’est sur le long chemin de la vie d’un Pierrot d’aujourd’hui, inapte à séparer le cœur du sexe, que nous emmène Homo Pierrot, qui comportera quatre tomes.
Le voici dans ce tome premier, de la naissance à dix-sept ans, avec, pour conjurer le noir et se chercher, sa mère, le nid de son enfance, la ferme, la ville, les saisons, les fleurs, les animaux, les livres, les films, les chansons, et puis un professeur pas comme les autres.

ISBN 978-2-9529499-3-4 Collection Éoliens

Lettrage de couverture ; Carlotta L

Format 14 x 19 144 pages

17,00 €

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YVAN QUINTIN, Fleur de chair

L’amour se vit à fleur de chair. Les six nouvelles de ce recueil mettent en scène des personnages de même sexe. Mais les histoires ici racontées ne sont pas toujours roses comme la chair, elles n’ont pas toutes de happy end bien qu’il s’agisse d’adolescents ou de jeunes gens qui découvrent, dans la fleur de la vie, le sexe et l’amour.

Yvan Quintin a longtemps enseigné les lettres. Après des ouvrages scolaires et universitaires, il a préféré se consacrer à l’écriture littéraire, à la fiction. Il ne récuse pas l’étiquette d’auteur de nouvelles érotiques, la littérature érotique ayant aussi à ses yeux ses lettres de noblesse.

Il a publié en 2001 L’odeur du buis, roman (Editions La Bruyère), et en 2005 Amours grecques, (Publications orientalistes de France), traduction du grec ancien de pièces érotiques en l’honneur des garçons appartenant à l’Anthologie palatine.

13 € 110 pages Format 14 x 19

collection Éoliens

ISBN 978-2-9529499-1-0

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PIERRE LACROIX, Bleus

C’est comme ca : je ne l’ai pas choisi. Les corps que je préfère ont une végétation souvent plus luxuriante, des fleurs inutiles posées sur l’étang du torse, un fruit vivant à cueillir dans les épines du ventre. Je ne l’ai pas choisi, mais j’ai choisi, une fois grand, de le vivre et d’avoir ma chance d’être heureux en le vivant. Aussi loin que je puisse remonter, c’est comme ca.

Il y eut un temps où pesait sur les amours entre hommes, entre garçons, la malédiction de Sodome et Gomorrhe. Il y eut un temps aussi où ces amours ne se vivaient que clandestinement, dans la nuit des prisons et des bouges comme l’illustre la noire galaxie de l’œuvre de Jean Genet.

Dans le sillage de Maurice du romancier anglais E.M. Forster, de Ma moitié d’orange de Jean-Louis Bory ou du Petit galopin de nos corps d’Yves Navarre, c’est en pleine lumière que l’auteur de Bleus veut vivre le bleu et le blues que connaissent tous les amoureux.

Bleus, le récit poétique à la première personne d’un amour fou, d’un amour rêvé, au-delà même du corps, dans le cadre d’une nature qui se prête à ce rêve, en Grèce, au pays des dieux et de héros amoureux de garçons, eux aussi. Un « ne me quitte pas » sensuel et déchirant quand l’amour glisse du bleu des îles à celui des ecchymoses.

Pierre Lacroix est né en 1955. Il vit, travaille et écrit en Auvergne qu’il a quittée puis retrouvée.

Écrire autour d’une couleur, de la couleur des ciels d’été de l’enfance, du bleu simple comme bleu quand l’amour est là et de tous les bleus du blues quand l’amour s’en va.

15 € 96 pages Format 14 x 19

collection Éoliens

ISBN 978-2-9529499-0-3

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De notre correspondant à Leipzig (Allemagne )…

Der Ring der Nie Bezwungenen
Erzählung
von Stephan Weitzel

Hannes Franzmann, Verlagsmitarbeiter, reist zu einem Kongress nach Leipzig. Es ist das erste Jahr der Pandemie, die Ausgangsbeschränkungen sind kurzzeitig aufgehoben. Bei einer Stadtführung entlang des Promenadenrings lauscht er den Erzählungen des Gästeführers. Endlich wieder unter echten Menschen. Luft spüren. Stadt riechen und sehen und hören.

Leipzigs reiche Vergangenheit voller europäischer Kulturgeschichte wirft Licht auf die Fragen der Gegenwart. Sind Franzmanns Überlegungen, die als zweite Stimme einen imaginären Dialog entflammt, gar ein Pamphlet gegen den technischen Fortschrittsglauben?

Sein Gespräch mit einem Kollegen an der Hotelbar wird zum Plädoyer für etwas, das ihnen beiden am Herzen liegt. Die alte Buchstadt Leipzig, sie ist noch immer da. Und in den Tiefen der Nacht erfährt Franzmann, was es wohl auf sich haben könnte mit dem Bezwingen.

Eine überraschende poetische Außensicht auf den Leipziger Ring, für einheimische Leser geradezu erfrischend wie eindrucksvoll, was wache Besucher hier im Rundgang auf- und mitzunehmen vermögen.

Récit, augmenté d’une cinquantaine de photographies pleine page
204 pages couleur, éditions Sax, 2021

Le titre : « Le Ring de ceux qui n’ont jamais été vaincus », fait référence à la fois au périphérique qui entoure le petit centre-ville historique de Leipzig et aux manifestations paisibles d’automne 1989 qui, le long de ce périple, ont mené à la chute de la RDA, au Ring de Wagner, fils de la ville, mais aussi au ring de boxe comme synonyme de toutes les luttes.

Le livre : Hannes Franzmann, employé d’une maison d’édition, voyage à Leipzig pour participer à un congrès. C’est l’an I de la pandémie, les restrictions du confinement sont temporairement suspendues. Pendant une visite guidée de la ville, il écoute le récit du guide. Enfin de retour parmi de vraies personnes ! Respirer l’air. Humer la ville, la voir, l’entendre.

Le riche passé de Leipzig, riche d’histoire de la civilisation européenne, oriente les phares sur les questions du présent. Les réflexions de Franzmann qui enflamment comme une seconde voix narrative un dialogue imaginaire, seraient-elles un pamphlet contre la confiance dans le progrès technique ?
Son entretien avec un collègue au bar de l’hôtel devient un plaidoyer pour quelque chose qui leur tient à cœur à tous deux : Leipzig, la vieille ville du livre, elle est toujours là. Et c’est dans les profondeurs de la nuit que Franzmann apprend de quoi il pourrait s’agir, dans cette question de ne jamais se laisser vaincre.

Sur le site Livresgay.fr une recension dithyrambique

Synopsis

Hannes Steinert est né en 1954 à Stuttgart (Allemagne) où il travaille encore. Il expose depuis 1984. Sa dernière exposition en France date de l’année 2007, à la librairie-galerie Les Mots à la Bouche à Paris. En Allemagne, il a exposé à Berlin à Jackwerth Verlag ainsi qu’à la librairie Eisenherz, de décembre 2007 à février 2008, à Munich à la Kunstbehandlung en mars et avril 2008, à Stuttgart à la galerie Merkle de septembre à novembre 2011 et tout dernièrement, en 2012, à la Galerie Bovistra. En Hollande, en 2012 encore, son travail a fait l’objet d’une exposition chez Jan van Stralen & Sandro Kortekaas à Groningue, à la Galerie MooiMan. Dans une édition trilingue, il a publié à Hambourg en 2008, chez Männerschwarm Verlag, une plaquette intitulée Plaisir d’amour. Hannes Steinert a aussi successivement illustré pour ErosOnyx Editions Mythologie gayment racontée (2009) d’Yvan Quintin et Amours garçonnières (2010) de Clément Marie.
Notre avis

Je pensais que le plus difficile, ce serait de résumer et de présenter des recueils de poésie ou de nouvelles. Mais ça, comme dit la pub, c’était avant. Essayez de le faire pour ce que l’on appelle communément des Beaux Livres, et vous verrez. Déjà, comment en faire un résumé digne de ce nom quand il n’y a que des images à résumer (plus précisément, des dessins)? Faut-il en décrire certaines au risque de faire bailler les internautes? Et comment fait-on quand, en plus des images, il y a des textes? Et pas n’importe quels textes – mais des poèmes en plusieurs langues? Présenter l’artiste alors que son curriculum vitæ a été raconté de façon succincte mais exhaustive dans le synopsis? Dilemme…

Du coup, je me résous à vous livrer une critique un peu différente de celles que vous trouvez habituellement sur ce site. Je vais commencer par reprendre le terme utilisé dans le paragraphe précédent: Beau Livre. Eh bien, celui-ci l’est sans doute, en plus d’en être un qui a l’avantage a) de ne pas peser trois tonnes (comme c’est souvent le cas), et b) de ne pas être d’un format quasi-impossible à manier. Ici, il s’agit d’un 24×24 cm à vue de nez, très pratique, et qui s’apparente plus à un livre de poche de qualité. C’est aussi un de ces livres que l’on feuillette une première fois pour s’imprégner du style de l’artiste, de sa technique, de ses sujets, ses particularités, ses prédilections, ses petites obsessions… Puis, plus tard, on le reprend, on s’arrête sur un dessin, on l’étudie de plus près, on fait une nouvelle halte pour lire un poème, pour faire fondre les paroles dans sa bouche, les ruminer dans sa tête, les faire résonner dans son cœur. De fil en aiguille, ça devient un livre que l’on a manipulé plusieurs fois, que l’on reprend de temps en temps car on découvre toujours de nouvelles choses. La beauté d’une image, c’est qu’elle a beau rester la même, elle n’aura jamais deux fois le même impact.

C’est donc ce que j’ai fait. Sûrement parce que j’ai tout de suite accroché. J’adore ce style léger et enlevé du dessinateur, Hannes Steinert, qui a un grand faible pour les jeunes hommes non seulement bien faits de leur personne – sculpturaux, aux pectoraux saillants, aux tétons qui pointent, aux sexes garnis (il y en a pour tous les goûts, d’ailleurs), aux culs bombés, aux poses souvent alléchantes –, mais aussi beaux comme des dieux antiques. Donc, j’avoue, il y a pire comme passe-temps que de reluquer ces gars aux corps glabres, aux minois de mannequin et aux moues et à la légère mélancolie qui donnent envie de s’occuper comme il faut de ces jeunots. Certes, la plupart n’ont pas l’air d’avoir besoin de nous, les spectateurs voyeurs; la plupart semblent retirés, vivant dans leur monde, leur bulle, se suffisant à eux-mêmes ou déjà tellement bien accompagnés que l’on se sentirait presque comme un intrus. Si leurs poses sont lascives, il se dégage d’eux ce je-ne-sais-quoi de naturel, de non-pose justement, d’innocent peut-être, de précieux sûrement. D’ailleurs, bien que rien ne soit caché par un excès de pudibonderie, ce qui m’a frappé, en-dehors de la beauté des dessins, c’est leur caractère pas du tout pornographique. Aucun phallus érigé ne m’a semblé salace.

Ajoutez à ça une sélection de très beaux poèmes, qui vont d’auteurs antiques en passant par des poètes classiques jusqu’à des écrivains modernes. Quelle n’a pas été ma joie de découvrir du Virgile, du Shakespeare, du Michel Ange, du Stefan George (que j’ai étudié au lycée tout en ignorant qu’il ait pu dédier certaines lignes aux beaux garçons), du Baudelaire, du Whitman, du Garcia Lorca… Et quel plaisir de trouver ces textes en version originale avec, à côté, la traduction française. Ça m’a laissé le choix, et pour l’allemand, l’anglais et l’espagnol, j’ai donc pu favoriser l’original. Mais même les autres textes – le latin m’a rappelé de bons souvenirs (je suis un de ces mecs bizarres qui aimaient bien cette matière, au lycée); le grec, j’arrive à le déchiffrer, et j’adore le son de ses mots même si je n’en comprends pas des masses; pareil pour l’italien, le portugais, le russe… Très bonne idée d’avoir mis les deux versions.

En résumé, ça fait du bien, de temps en temps, de fermer le roman qu’on est en train de lire pour ouvrir un livre comme celui-ci. Il offre la possibilité de se laisser aller dans des rêves éveillés, de laisser son âme se soulever et voleter en toute légèreté. Ça change, donc, et très agréablement, en plus. Petit livre vivement recommandé, aux esthètes et à celles et ceux qui aiment les belles formes.
Infos

Auteur : Hannes Steinert
Titre : H comme…
Publié par : ErosOnyx Éditions
Publié le : 1er novembre 2012
Genre(s) : Beau livre, dessins, poésie
Pages : 144
Lu par : ParisDude
Sensualité : 4 flammes sur 5
Note

5 étoiles sur 5