Après l’hommage national à Xavier Jugelé


« Xavier, je t’aime ! »
Ces simples mots n’ont rien d’anodins, et pas du seul fait qu’ils témoignent de l’amour qui unit deux hommes, mais parce qu’ils ont été prononcés dans la cour de la Préfecture de Police de Paris, en présence des forces de l’ordre, de militaires, et des plus hautes instances politiques de la Nation.

C’était le 25 avril 2017, lors de l’hommage rendu par la Nation à un policier abattu en service par un terroriste.

Après l’instauration du mariage pour tous, c’est l’étape la plus décisive dans le processus de réhabilitation des homosexuels, et il n’échappera à personne combien l’éloge funèbre rendu à la victime par son conjoint contribue à rendre son honneur à une composante de la société si iniquement condamnée depuis trop longtemps par la frange la plus haineuse de celle-ci.

Nous, homosexuels, avons une dette de reconnaissance infinie à l’égard de cet homme digne et courageux qui n’a pas hésité à affronter l’opinion publique dans un moment douloureux. La noblesse de son intervention en a imposé à beaucoup, n’en doutons pas, et donné une image extrêmement positive de ce que certains ayant perdu tout sens commun, quoi qu’ils en disent, persistent à présenter comme une perversion.
Et quelle élévation de pensée lorsque l’orateur dépasse sa propre douleur en déclarant qu’au travers du deuil qui l’atteint, il a mieux compris les risques auxquels étaient exposés les collègues et camarades de son ami.

Voilà un message de fraternité et de paix dont notre monde avait grand besoin.
À mon tour de déclarer pour ce que je te dois : « Étienne, je t’aime ! »

Alain STOEFFLER

« Un amoureux des hommes » dans Le Monde des Livres

Tiré de l’oubli à la fin du XXe siècle par la traduction de nouvelles (Le Rossignol vert, Noir sur blanc, 1996), d’un roman (Les Ailes, Ombres, 2000) ou d’une biographie (La Vie merveilleuse de Joseph Balsamo, Circé, 1999), Mikhaïl Kouzmine (1872-1936) attend encore d’être reconnu pour le (bon) musicien et le (subtil) poète qu’il est. Voici La truite rompt la glace, cycle de poèmes composé en 1927 et qui assume sa base autobiographique – même si l’évocation de la « ronde des plaisirs et amours » évoquée dans l’épilogue ( « ont surgi une foule de souvenirs, / des pages de romans lus et relus, / morts et vivants entremêlés« ) tient moins de la confession que de la célébration de son amour des hommes qui le fit condamner au silence sous la dictature stalinienne.

L’édition bilingue offre une idéale introduction à l' »Oscar Wilde de Saint-Pétersbourg » qui éblouit Marina Tsvetaïeva et figure en bonne place, « Satan dans toute son élégance« , dans le Poème sans héros d’Anna Akhmatova.
Philippe-Jean Catinchi

AU Brady, le 24 avril, le 7ème genre présente GO FISH

GO FISH

Réalisé par Rose Troche (1994), avec VS Brodie, Guinevere Turner, T Wendy McMillan, Migdalia Melendez, Anastasia Sharp

Go Fish est un film indépendant qui a fait figure de pionnier lors de sa sortie en 1994 aux États-Unis. Il se distingue par son ton libre et son intrigue libérée des trames dramatiques faites d’ostracisation et de ‘coming-out’ douloureux. Rose Troche (The L Word, Six Feet Under), fraîchement diplômée d’école de cinéma, et Guinevere Turner jeune scénariste (American Psycho) et actrice (The Watermelon Woman), sont motivées par l’absence de représentation de la culture lesbienne qu’elles connaissent à Chicago. Elles s’appuieront sur leur communauté artistique pour faire un film décomplexé, dont l’intrigue minimaliste permet l’expression d’un quotidien lesbien peu documenté. Christine Vachon (productrice de Todd Haynes, Larry Clark, John Waters, etc) les soutiendra pour produire ce film, aujourd’hui au panthéon du New Queer Cinema des années 90.

Notre invitée : Anne Crémieux maîtresse de conférence à l’Université Paris-Ouest-Nanterre, spécialiste de la représentation des minorités dans le cinéma américain

En partenariat avec Carlotta Films, 5 DVD à gagner à chaque séance du ciné-club.

Entrée : 8.50€ >> 6.50€ en réservant dès maintenant sur http://www.lebrady.fr

Carte Brady : 6€ (5 places valables 6 mois, carte utilisable pour 1 ou 2 personnes à une même séance. Réservation en ligne des places sans frais)

Adhérents 7e Genre: 5€ (réservation avec code promo internet adhérent et sur présentation de la carte sur place)

Cartes UGC Illimité et Le Pass acceptées (ouverture des ventes 1h avant la séance sous réserve des places encore disponibles)

Le 7ème genre présente NETTOYAGE À SEC

Jean-Marie et sa femme Nicole tiennent depuis quinze ans un pressing à Belfort. Quinze ans d’amour fidèle, de travail sans relâche… Mais une soirée dans un cabaret, ‘La Nuit des temps’, va faire tout basculer. Sur scène, un jeune homme troublant, Loïc, fait un numéro de travesti avec sa sœur Marylin. Il séduit immédiatement le couple, qui s’accordait sa première sortie depuis longtemps. Tel le visiteur du Théorème de Pasolini, Loïc va s’immiscer dans leur vie bien réglée et faire déraper leur existence, bouleversant tous leurs repères, sexuels, moraux, sociaux. Troisième film d’Anne Fontaine (après Les Histoires d’amour finissent mal en général et Augustin), Nettoyage à sec met au jour les pulsions les plus enfouies d’un couple ‘sans histoire’, jusqu’au point de non-retour.

En partenariat avec Carlotta Films, 5 DVD à gagner à chaque séance du ciné-club.

Entrée : 8.50€ >> 6.50€ en réservant dès maintenant sur http://www.lebrady.fr

Carte Brady : 6€ (5 places valables 6 mois, carte utilisable pour 1 ou 2 personnes à une même séance. Réservation en ligne des places sans frais)

Adhérents 7e Genre: 5€ (réservation avec code promo internet adhérent et sur présentation de la carte sur place)

Cartes UGC Illimité et Le Pass acceptées (ouverture des ventes 1h avant la séance sous réserve des places encore disponibles)

Séance exceptionnelle en présence de la réalisatrice Anne Fontaine. Elle viendra nous parler de ‘Nettoyage à sec’, qui fête ses vingt ans cette année…
Vous pouvez déjà réserver vos billets sur le site du Brady !
https://www.facebook.com/events/1257999944268719/

« La Truite rompt la glace » aux Mots à la Bouche le 16 mars

Recueil inédit, bilingue (russe-français) d’un grand poète russe de l’Âge d’argent, injustement oublié ou du moins méconnu. Ne sont connus de lui, en français, que son roman Les Ailes et deux ou trois autres publications, en prose également.
Né en 1872, mort en 1936, sous Staline, Kouzmine a vécu à St-Pétersbourg.

Avant la Révolution de 1917, il a été connu comme l' »Oscar Wilde de St-Pétersbourg » et, remarqué pour son dandysme, passait pour « l’homme aux 365 gilets ». Réalité ou légende ?

Les Amis de Masques et de Persona

La revue Masques se voulait la revue des homosexualités (remarquez bien le pluriel !). De grande qualité, elle a précédé la maison d’édition Persona dont vous possédez peut-être le bel et troublant Livre Blanc avec textes et dessins de Cocteau, enfin sorti de la clandestinité.

Masques et Persona ne sont plus. Mais autour d’Alain Lecoultre s’est constituée l’Association Les Amis de Masques et de Persona.

En voici le lien. Vous en apprendrez plus sur son site. La vie des gais – on ne disait pas, pas encore LGBT – à l’époque a en effet de quoi nous en apprendre

http://www.revuemasques.fr/Historique.html/Historique-naissance.html

Pour compléter le poème de Kouzmine de « La Truite rompt la glace » et l’annonce du recueil dans Catalogue

— Comme vous êtes bien bâti, Vania ! dit Sacha en se déshabillant et en regardant la silhouette nue de Vania qui se tenait encore sur le sable sec et se penchait pour prendre de l’eau afin de s’humecter la nuque et les aisselles avant de s’immerger. Vania regarda le reflet mouvant, que les ondes dispersaient à la surface de l’eau, son grand corps souple aux hanches étroites, ses jambes élancées, sa peau hâlée à force de bains et de soleil, ses boucles blondes qui avaient poussé sur son cou délicat, son visage rond qui s’était affiné avec ses grands yeux, et, après avoir souri, il entra dans l’eau froide. Sacha, court sur pattes malgré sa grande taille, le corps blanc et potelé, plongea dans un endroit profond en faisant de grandes éclaboussures.

Sur toute la berge, jusqu’à un troupeau, se trouvaient des gamins qui se baignaient, qui couraient en hurlant sur la rive et dans l’eau ; on voyait ça et là des tas de chemises rouges et de linge et, au loin, un peu plus haut, sous des saules blancs, apparaissaient également des enfants et des adolescents dont le corps rose tendre sur l’herbe vert vif tout juste fauchée rappelait les tableaux représentant le paradis dans le style de Hans Thoma. Vania, avec une joie presque voluptueuse, sentait son corps fendre l’eau froide et profonde, et l’écume sur la surface plus chaude lorsqu’il faisait de brusques revirements, tel un poisson. La fatigue arrivant, il nageait sur le dos et ne voyait plus que le ciel brillant de soleil, sans remuer les bras et ignorant la direction qu’il prenait. […]

Mikhaïl Kouzmine, Les Ailes, traduction Bernard Kreise, éditions Ombres, pp. 87-88