Fernando Pessoa (1888-1935), »Antinoüs », poème traduit ici en alexandrins par Yvan Quintin. Antinoüs » est un long lamento sur la mort de ce bel éphèbe, amant de l’empereur romain Hadrien (I-II° s. après J. C.). Leur amour inspira aussi Marguerite Yourcenar dans « Mémoires d’Hadrien ». La traduction est suivie d’une étude approfondie sur le poète et son oeuvre par un spécialiste de Pessoa, Anibal Frias.
Il était un chaton dans le jeu du plaisir,
De son plaisir à lui, et celui d’Hadrien,
De tous deux quelquefois, étreints ou séparés ;
L’observant de côté, comme s’il se méfiait,
Bondissant sur le plaisir comme à l’improviste ;
L’empoignant doucement, puis avec frénésie,
Tantôt tout enjoué, ou sérieux, ou couché
Aux côtés du plaisir, sur le qui-vive, épiant
La façon d’en jouir, tout en le réfrénant.
(Vers 132-141)
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Quand elle publie anonymement Olivia en 1949, Dorothy Bussy ignore encore que ce récit autobiographique d’un amour de jeunesse pour l’une de ses professeures va s’imposer comme une œuvre nodale au sein d’une vaste galaxie féminine – et lesbienne.
Roman d’apprentissage d’un nouveau genre, il suscite la comparaison avec maints romans comme Claudine à l’école (1900) de Colette, Poussières (1928) de Rosamond Lehmann, ou Jeunes filles en uniforme (1930), pièce de Christa Winsloe, portée à l’écran dès 1931 par Leontine Sagan… Le roman met en scène un couple de femmes et jette un regard neuf sur l’éducation des filles, leur relation au savoir et aux élans du cœur. Jacqueline Audry adaptera fidèlement Olivia au cinéma (1951), parachevant sa tranquille radicalité.
En (re)tissant les fils qui relient les œuvres et les figures – pour certaines injustement oubliées – gravitant autour de Dorothy Bussy, cet ouvrage vise à rendre son éclat à la constellation dont Olivia est un des astres les plus lumineux.
Brigitte ROLLET est chercheuse au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines et enseigne à Sciences Po. Ses recherches portent sur les questions de genre et de sexualité au cinéma, sur le grand et le petit écran. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur des réalisatrices françaises et francophones, dont l’un, consacré à Jacqueline Audry, en 2015, présente Olivia comme « un film impensable ».
Cet ouvrage est publié avec le soutien du CNL
Collection Documents
ISBN 978-2-918444-53-5
190 pages,
format 14 x 19
14, 00 €
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Pierre-François Lacroix vit dans la Châtaigneraie du Cantal.
Sous le nom de Pierre Lacroix, il a publié Bleus en 2007 et Homo Pierrot en quatre tomes, de 2008 à 2013. La présente édition en un seul volume contient l’intégrale remaniée de ces quatre tomes.
Au clair de… met au clair la rencontre impensable, au lycée, d’un jeune Pierrot lunaire et d’un Erwan solaire, Arlequin de l’estrade. Deux vies hors-normes qui vont n’en faire qu’une. Marge revendiquée, sans récupération possible.
Coup de foudre juvénile jusqu’au flou androgyne d’une gérontophilie queer. Avec le temps, deviennent japonaises les cloisons féminin-masculin.
Deux vies magnétiques l’une pour l’autre, voire symbiotiques, à cran pourtant. Au clair de… et sabre au clair. En quatre saisons et neuf stations, l’amour va jusqu’au bout quand il est fou.
« Il était né quand les vergers neigent de fleurs. Pierre sur le registre d’état-civil. Pierrounel à la maison. Sa mère l’avait porté de tout son cœur. Elle lui avait souri quand il était sorti. Il avait de son sourire dans le sang, les papillons de ses caresses sur la peau, et l’eau de ses yeux au fond des siens. Il n’avait pas le souvenir que cette confiance ait eu un jour de défaillance. Même dans la colère, quand il venait de faire une polissonnerie, qu’elle le menaçait de le « laisser sur le carreau », et qu’elle le faisait pleurer de peur quelque temps à la cave, il se sentait du rouge de son sang. Elle lui avait montré les lois du monde, mais ne l’avait jamais laissé la proie du monde. Elle était sa veilleuse dans le noir et sa fleur d’oranger dans les potions amères. Il avait de son sourire dans le sang. »
ISBN 978-2-918444-52-7
15,00
Couverture : Karin Andrieu
Portraits de l’auteur, collection particulière, DR
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August von Platen (1796-1835) fut page à la Cour de Bavière, puis jeune officier dans la campagne de France, en 1814-1815, contre Napoléon, enfin grand voyageur en Italie de 1826 à sa mort. Toujours en quête de l’amour impossible qu’il vouait aux beaux garçons, jusqu’à sa mort du choléra à Syracuse à 39 ans.
Son existence inspira à Thomas Mann le personnage d’Aschenbach dans La mort à Venise (1913) ainsi qu’un hommage, en 1930, dans un essai inclus dans L’ artiste et la société (Éd. Grasset, 1973). André Gide l’avait lu et l’appréciait. Plus près de nous, le romancier allemand Hubert Fichte lui a rendu hommage à son tour, n’hésitant pas à le présenter comme « un maître aussi créatif que Whitman, Rimbaud et Genet. »
Les Ghasels dont la première édition date de mars 1821, suivie d’une autre en septembre de la même année, se coulent dans la forme persane immortalisée par Hafiz pour célébrer son inextinguible attirance vers la beauté.
Cette édition sera la première traduction intégrale en français du premier volume des Ghasels.
ISBN 978-2-918444-51-0 Collection Classiques
Format 16 x 24 144 pages
17 €
Voici que le jeune feuillage a orné L’arbre de sa tendre verdure : Ainsi fleurit tout autour de ta joue Le frais, sombre et tendre duvet ; Pour de belles femmes ce serait un bonheur De seulement caresser cet ourlet ! Mais tu as repoussé de ta nuque Le carcan des bonnes mœurs. Oh ! apporte du vin et viens à moi ! Ici, dans l’herbe haute il y a de la place ! Que le dernier murmure de ta langue caresse Mon oreille de ta langue et le vin mon gosier ! L’ivresse gonfle ta joue, Laisse monter la sève à ta tête ! Rêvons ici, dans nos bras enlacés, Le rêve éphémère de nos jeunes années !
GHASELS d’après l’édition de 1834, (p.107)
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On appelait ce genre romanesque « Bildungsroman », c’est-à-dire roman d’apprentissage, roman de formation. C’est une éducation sentimentale que nous raconte L’Année buissonnière, celle d’Yves, élève de Troisième dans un établissement religieux des années 50, « sentant la caserne et le séminaire ». Entre innocence et premiers émois « coupables », avec la tendresse si propre à un âge qui n’est plus l’enfance, mais pas encore l’âge d’homme.
Les élèves dans ce collège sont soumis, pour le salut de leur âme, à une surveillance stricte. Yves s’éprend, pour un de ses camarades, d’une amitié fervente et singulière. Dans ce monde clos bouillonnant de passions étouffées, il fait la découverte de son corps, nié avant même d’être connu. L’éveil de son désir, l’ivresse des commencements à laquelle se mêlent le latin, les vies de saints, la liturgie et l’odeur du buis, provoquent l’accident, l’irréparable, le geste d’amour. Crimen Amoris. Et c’est aussi la découverte de la trahison.
Son année de Troisième sera-t-elle une année buissonnière ?
En couverture, encre de Chine de Jean-Pierre THOMAS, d’après Citizen K
ISBN 978-2-918444-50-3 Format 14 x 19 13, 00 €
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À quelques mois de sa mort, le 18 novembre 1909, Renée Vivien mène une vie de valétudinaire, « une pauvre vie d’orgies et de poisons qui ne la grisent même pas », comme le rapporte Natalie Barney.
Tout en écrivant encore des vers et quelques poèmes en prose, elle se tourne à deux reprises vers un genre, la satire, où on ne l’attendait pas. Le Christ, Aphrodite et M. Pépin paraît en 1907 et L’Album de Sylvestre en 1908. Vivien y dynamite la veine lyrique de sa production habituelle pour emprunter la veine parodique de deux types d’écriture chers à son époque et qu’elle exècre, les faits divers de la presse à sensations et les albums mondains.
Renée Vivien, capable d’être ironiste ? Patricia Izquierdo présente ces deux ouvrages d’un genre que leur autrice elle-même qualifie de « satirette ».
ISBN 978-2-9184447-3 Format 14 x 19 avec rabats 88 pages Prix 11,00 €
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Quand le vent saisit le corps, que l’angoisse me traverse, il y a cette main forte, ces bras qui, soudain, m’étreignent.
Un souffle brûle ma joue, un étau de chair me broie. L’odeur lourde des lilas me fait mordre la poussière.
Nature aussi âpre que les étreintes des beaux gars de passage. Des mots à dire à voix haute pour en tirer le feu de poésie, comme l’écrit Pierre Lacroix qui préface le recueil.
François MARY est né en 1950, en Auvergne qu’il n’a jamais quittée. Il vit là-haut, à Riom-ès-Montagnes, au pied du Puy Mary où l’hiver dure six mois. Ce recueil est dédié à la mémoire de Manu, mort à l’âge de 30 ans, en décembre 2019.
Format 14 x19 Collection Éoliens 74 pages ISBN 978-2-918444-49-7 ISSN 2260-2852 13,50 €
EO propose pour l’automne 2020 la publication intégrale et séparée de Sappho . C’est avec cette œuvre que Pauline Mary Tarn, qui publiait jusqu’alors sous le pseudonyme ambigu R. Vivien, fait en 1903 son « coming-out » sous le nom entièrement décliné Renée Vivien.
La lectrice, le lecteur y trouveront les fragments conservés, en grec ancien, de Sappho, leur traduction par l’auteure et sa création personnelle inspirée de certains d’entre eux.
Au fragment de Sappho « Quelqu’un, je crois, se souviendra dans l’avenir denous », font écho les vers de Renée Vivien :
Dans les lendemains que le sort file et tresse,
Les êtres futurs ne nous oublieront pas…
Nous ne craignons point, Atthis, ô ma Maîtresse !
L’ombre du trépas.
ISBN 978-2-918444-48-0 ISSN 2118-8300
Poche Classiques format 12 x 19
Prix 8 €
À paraître aux éditions du Mauconduit la correspondance inédite Vivien-Charles-Brun (1901-1910) Voir rubrique Lire
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Sont-elles des femmes ? Roman sur le troisième sexe est paru en Allemagne en 1901. Il est ici traduit pour la première fois en français. Ce roman pionnier est à la fois un essai militant et une fiction de littérature légère.
L’objectif des lesbiennes, féministes et intellectuelles, qui en sont les personnages était de faire reconnaître leur « altérité ». N’étant ni comme les hommes ni comme toutes les autres femmes qu’elles voyaient autour d’elles, que leur restait-il sinon la conviction d’appartenir à un troisième sexe ?
Traduction de Thierry Hoquet, spécialiste de la philosophie des Lumières. Il enseigne à Paris X.
Présentation de Nicole G. Albert, spécialiste des littératures fin-de-siècle, féministe et saphique.
La photo de couverture fait partie de la collection de Sébastien Lifshitz . Carte photo, Etats-Unis (circa 1910). Elle figure dans l’ouvrage Mauvais genre, Éditions Textuel, Paris, 2016.
Ce livre a été soutenu financièrement par l’Université Paris Nanterre.
ISBN 978-2-9184444-46-6 format 14 x 19 120 pages 12, 00 €
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Le plus souvent publiées séparément en France, voici réunies huit autobiographies d’homosexuels – les auteurs américains William Peniston et Nancy Erber les qualifient de « queer » – qui, entre 1845 et 1905, se racontent. Bougres de vies, vies de bougres !
Ce livre regroupe huit autobiographies françaises du 19ème siècle, à l’époque où, échappant au prêtre, l’homosexuel tombe sous la coupe du médecin, où le péché devient pathologie. Publiés ça et là, ces documents ont été rassemblés et publiés en 2007, aux États-Unis, sous le titre « Queer Lives : Men’s autobiographies from Nineteenth-Century France, traduits, édités et présentés par William A. Peniston et Nancy Erber (University of Nebraska Press) ».
Nancy Erber et William A. Peniston sont deux universitaires américains spécialisés dans les « queer studies » (recherches autour des LGBTQI+). En publiant Queer Lives, ils ont permis à un public d’Outre-Atlantique de découvrir une matière française connue à l’époque des seuls médecins et que Zola lui-même n’a pas osé exploiter dans sa vaste fresque des Rougon-Macquart.
Il aura donc fallu passer par les USA pour que le public français découvre ces documents… français. Outre leur intérêt documentaire, ces autobiographies présentent aussi un véritable intérêt littéraire. Le dernier document en particulier est une longue série de lettres adressés à Émile Zola. Il est devenu célèbre sous le titre Roman d’un inverti-né.
La famille d’Émile Zola a, depuis la publication de Bougres de vies, confié à Michael Rosenfeld l’intégralité de ces lettres qu’il a publiées en 2017 aux Nouvelles éditions Place sous le titre Confession d’un homosexuel à Émile Zola.
William A. Peniston et Nancy Erber sont deux universitaires américains. En publiant Queer lives, en 2007, ils ont permis à un public d’Outre-Atlantique de découvrir une matière française connue à l’époque des seuls médecins et que Zola lui-même n’a pas osé exploiter dans sa vaste fresque des Rougon-Macquart.
Copyright Jim Graham pour la photo de couverture (circa 1875-1880).