On trouve à Berlin une librairie française, Zadig, où est en vente Une semaine, sept vies de Mario Wirz. On pourra lire ci-dessous la recension élogieuse qui est est faite de ce recueil.
Avatar poétique
Mario Wirz est mort en mai dernier. Séropositif depuis 1985, le poète engagé, Berlinois de cœur, a écrit de nombreux poèmes entre 1981 et 2002, réunis dans une anthologie publiée en 2003. Ce recueil a été traduit dans son intégralité en français par Kai Stefan Fritsch et Bernard Banoun, et le lecteur fancophone ne perd rien à cette lecture bilingue tant l’émotion s’évapore déjà des textes originaux en allemand. La conscience du temps qui passe, qui nous rattrape, l’habitude qui nous dévore chaque jour un peu plus… Wirz expose sa vision animiste du monde, face aux objets qui le touchent, face à la nature qui l’entoure. On en oublierait même l’insignifiance de simples faits quotidiens. Les écrits sont entrecoupés d’illustrations d’Hannes Steinert, artiste connu par son engagement envers le mouvement d’émancipation homosexuelle. Ses œuvres d’hommes nus, s’amusant entre eux, apportent une touche coquine et sensuelle au lyrisme mélancolique de Wirz. Notez le chavirant poème Sommeil rappelant Le Dormeur du val de Rimbaud… Entre parenthèses, dans le titre de l’ouvrage, se lit « Métamorphoses », comme si l’on se métamorphosait à la lecture de ces courts poèmes. On se prend pour le chien du voisin ou pour la corneille qui passe, on entre dans la peau d’un inconnu, dans le métro parisien ou berlinois. Lire Wirz c’est comme se retrouver face à soi-même pour se scruter de l’interieur.
Gaël Boudjema, Berlin-poche Mai 2013