Georgette Wachtel – A.P. Lettres – Mikhaïl Kuzmine La Truite rompt la glace (1927, édité en 1929, traduit en français en 2017).
Tel est le titre du premier recueil d’un ensemble de six cycles dont il est l’éponyme, dédié à Radlova et dont l’auteur est Mikhaïl Kuzmine ou Kouzmine (1872-1936). Avant de présenter l’homme et l’œuvre, nous reprenons à notre compte la recommandation de Pierre Lacroix dans la postface qu’il consacre à la relation entre Kuzmine, Akhmatova et Tsvetaïeva (sur laquelle nous reviendrons) dans l’édition bilingue d’E.O. ErosOnyx, parue en 2017 :« Ce n’est rien qu’en lisant et disant La Truite rompt la glace que l’on sera sous le charme de ce recueil, chant du cygne de ce « rôdeur de Sodome déclaré » que fut l’Oscar Wilde de Saint-Pétersbourg, Prince des esthètes, dandy aux 365 gilets » ; et pourtant, dans le cas présent, il s’agit d’une traduction de Serge Lipstein en vers libres qui fait entendre en nous, comme un écho lointain, même lorsqu’on ne sait pas le russe, la mélodie de cette langue et réveille en nous le souvenir de ces voix russes envoûtantes à nulle autre pareilles. Cette traduction nous donne le désir de prendre connaissance et d’écouter les cinq autres Cycles et d’autres œuvres de ce poète qui, aujourd’hui, malgré la gloire qu’il connut, apparaît comme rayé du paysage poétique russe. Il est lié à tous les noms, à tous les grands évènements qui ont donné un éclat international à la ville de Saint-Pétersbourg ; il est non seulement avec Mandelstam, Anna Akhmatova ; Marina Tsvetaïeva, une figure centrale du mouvement acméïste qui exprime la nostalgie de la culture universelle, cherche par la musique du mot à actualiser cette culture pérenne, à donner une dimension poétique au quotidien tout en préservant la culture traditionnelle.
Il est aussi auteur dramatique ; sa pièce la plus célèbre, considérée comme son chef d’œuvre théâtral, La Mort de Néron, est inspirée par la mort de Lénine (1924) mais commencée seulement en 1928, mise en scène par Antoine Vitez en 1993. Il est en relation avec le monde du théâtre : en 1907, il compose la musique de la pièce d’Alexandre Blok, Baraque de foire, mise en scène par Meyerhold (1874-1940 – mort en prison), en 1906, il est admis dans le milieu du théâtre autour de la compagnie de la comédienne Vera Komissarjevskaïa (1864-1910) qui avait fait venir de Moscou le grand Meyerhold et il participe aux réunions du samedi dans les studios du théâtre et aux activités de la troupe. On peut penser qu’il ne fut pas éloigné du monde de la danse puisque Walter Feodorovitch Nouvel, collectionneur d’art qui deviendra le secrétaire des Ballets russes de Diaghilev, lui offrit l’hospitalité pendant quelques semaines. D’ailleurs, en 1924, il compose Les Promenades de Hull, poème dramatique en vers et en prose avec intermèdes dansés. Ces quelques détails font sentir la béance que laisse dans l’histoire de Saint-Pétersbourg, devenue ensuite Petrograd, puis Leningrad, l’oblitération de ce personnage, habitué du cabaret Le Chien errant, fréquenté, un peu comme Le Chat noir, par la bohème artiste ; la lecture publique qu’il faisait de ses poèmes, là et ailleurs, jusqu’en 1930, était un évènement qui attirait un large public et le laissait comme envoûté par son charme. 1930 marque « Le Grand Tournant » décrété par Staline : « La Terreur rouge » va s’abattre sur toute l’Union Soviétique et frapper l’élite intellectuelle et artistique de l’ancienne capitale de Russie, celle qui n’a pas choisi l’exil.
Depuis les années 70, l’étau s’est peu à peu desserré autour des victimes de cette terreur ou, à défaut, de leur mémoire et de la publication de leurs œuvres et de leurs traductions ; or, Kuzmine reste pour ainsi dire invisible. Sans doute son homosexualité n’est-elle pas étrangère à cet effacement. En 1895, au moment du procès d’Oscar Wilde, la presse russe ne condamne pas l’écrivain mais la rigidité de la société anglaise. Le roman de Kuzmine, Les Ailes (1906) dont l’homosexualité constitue le thème central, lui vaut, certes, une réputation sulfureuse mais ne fait pas obstacle à son succès. Ailleurs, l’Allemagne a rétabli, en 1871, l’article 175 du code civil qui prévoit des peines de prison et la suppression des droits civils. Cette loi crée un désordre dans la société parce qu’elle engendre des situations propices au chantage. Lorsque s’installe la République de Weimar (1919), une possibilité se dessine d’abolir cet article. Magnus Hirschfeld prend l’initiative d’une pétition destinée à son abrogation. De grands noms ont répondu à son appel : A. Einstein, Th. Mann, S. Zweig, R.M. Rilke, Léon Tolstoï, E. Zola. Le projet de loi présenté devant les députés remonte à 1898 est repoussé par les socio-démocrates, majoritaires, se sont opposés à son abolition. Comme on le voit, l’intolérance à l’égard de l’homosexualité n’est pas propre aux gouvernements autoritaires. Rien d’étonnant à ce qu’un pays totalitaire ne puisse supporter le moindre espace de liberté individuelle, or, la sexualité est incontrôlable, en dehors des interdits religieux (qui concernent également l’hétérosexualité). Il est donc logique que l’Union Soviétique stalinienne criminalise cette orientation. L’article 21 du code pénal de 1934 pénalise lourdement l’homosexualité masculine (uniquement, restriction intéressante qui mérite réflexion) : tout acte homosexuel est passible de trois à cinq ans de prison. Pour justifier cette loi, un lien est établi entre fascisme et décadence dont l’homosexualité serait un aspect, en voici le slogan : Détruisez l’homosexualité et le fascisme disparaîtra de la terre, argument inversé de celui du nazisme. Cette même année avait lieu le Congrès de l’Union des écrivains soviétiques auquel assistaient des écrivains étrangers, présidé par Maxime Gorki qui avait approuvé la loi. Kuzmine y sera élu mais en tant que traducteur. En 1924, La Vie de l’Art avait publié un article diffamatoire contre Kuzmine, à propos d’Images secrètes, recueil d’erotica, paru en 1919, contre Kuzmine, jugé pornographique. En 1926, Le Journal rouge, le présente comme apologiste bourgeois de phénomènes comme le fox-trot ou l’art nègre.
Tout au long de sa vie, il a vécu et exprimé sa tendance, en poète sans concession au régime, il fallait du courage. En 1926, il reçoit Magnus Hirschfeld qui continue son combat, il est déçu par sa conception de l’homosexualité qu’il juge superficielle et naïve. En 1924, il répond à l’invitation de rencontrer un groupe homosexuel à Moscou, appelé Antinoüs, nom du favori de l’empereur Hadrien, d’après Les Chants d’Alexandrie (1906) en dépit des contraintes et des restrictions d’ordre légal, en présence de la Guépéou et ce fut un succès. Il n’a jamais été enthousiasmé par la révolution bolchevique comme l’ont été Akhmatova ou Alexandre Blok. S’il a accueilli favorablement la Révolution de février 1917, c’était avec l’espoir que serait mis fin à une guerre qui verrait encore mourir tant de jeunes gens. Il aurait pu mettre un voile sur son homosexualité, d’autres poètes l’ont fait sous des cieux plus cléments, tout en étant thuriféraires de Staline. À notre avis, l’oubli actuel de ce poète est dû tout autant à sa distance à l’égard du régime qu’à son homosexualité. Quoi qu’il en soit, le poète est durement éprouvé par le mouvement d’exil qui commence dès 1917, s’accentue à partir de 1921 et touche beaucoup d’amis et de connaissances. Il se sent « comme Adam chassé du Paradis ou comme les Juifs hors de la Terre promise ». Son ami, Goumilev, fondateur avec sa première femme, Anna Akhmatova, du mouvement acméïste, est arrêté pour complot monarchiste et exécuté le même mois (août 1921), la même année, A. Blok, malade, se laisse mourir. Depuis l’attentat contre Lénine, dans le climat de guerre civile, la formule léniniste « qui n’est pas avec nous est contre nous » est entrée en action, l’écrasement de la révolte des marins de Kronstadt (1921), ne laisse plus espérer la fin du régime bolchevique qui se fait menaçant à l’égard de la liberté d’expression et même de pensée des artistes : dans une revue, Trotski, encore second de Lénine, dénonce les écrivains qui n’ont pas accepté la révolution, il les appelle « les émigrés de l’intérieur », ce en quoi il ne se trompe pas, mais y ajoute une insulte menaçante en les qualifiant de « cadavres ». En effet, Kuzmine se réfugie dans son monde intérieur.
Il est peu vraisemblable que le portrait corrosif qu’Anna Akhmatova donne du poète explique le désintérêt du public français. Il aurait pu avoir un effet contraire, éveiller une certaine curiosité envers lui ; il a au moins le mérite de faire affleurer à la surface de la mémoire son nom oublié. Voici le jugement qu’elle porte en 1940 sur celui qui fut un ami et qui avait écrit la préface de son premier recueil, Soir, en 1912, elle écrit à propos de La Truite rompt la glace, « L’obscénité laisse une impression très attristante … J’aurais aimé des points de suspension en maints endroits … Kouzmine fut toujours homosexuel dans son inspiration poétique, mais là, il dépasse les bornes. C’est profondément répugnant ». Pour comprendre cette confusion entre érotisme et obscénité sous la plume d’une artiste qui a suivi le même chemin dans le Saint-Pétersbourg d’autrefois, il est nécessaire de lire la postface. Ce jugement conformiste ne serait-il pas la réponse à la question angoissante qu’elle se pose dans Poème sans héros ?
« Mais comment a- t- il pu se faire / Que parmi tous je sois encore vivante ? »
Kuzmine apparaît comme l’incarnation du Mal, un Satan, séducteur et cruel, entraînant à sa suite, dans le plaisir et l’inconscience, toute une génération d’artistes aujourd‘hui disparus dans le malheur. Ce discours est celui d’une pénitente. Il y a eu châtiment, il faut trouver le crime à expier. Or, le poète a traversé la tempête, fidèle à lui-même, impénitent dans son culte d’Éros phallique qui mène à la beauté, malgré toutes les vicissitudes, matérielles et spirituelles qu’il connut.
Voici quelques repères biographiques, sans nous substituer à l’excellente notice d’Yvan Quintin qui plonge le lecteur dans la vie du poète au cœur de sa ville et donne les détails de sa vie intime et intellectuelle nécessaires à la compréhension de son œuvre ainsi qu’une vue sur la richesse de son activité de journaliste, de critique d’art à la découverte du cinéma, de traducteur, grand connaisseur de la littérature française du Moyen-âge à l’époque qui lui est contemporaine.
Mikhaïl Alexeïevitch est né à Iaroslav en en 1872. La famille déménage en 1884 à Saint-Pétersbourg. À la fin de ses études secondaires, il entre au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, sous la direction de Rimski-Korsakov. Il se consacre surtout à la composition vocale sur des poèmes. Il n’y reste que trois ans. C’est à ce moment qu’il prend « l’autre chemin », à savoir, l’homosexualité. Il fait une tentative de suicide pour un officier de cavalerie (1893) qu’il désigne sous le nom de Prince Georges lequel correspond au portrait de l’amant idéal d’après son Journal : « entente physique et artistique, partage des goûts et des rêves, à la fois disciple et admirateur, compagnon de voyage, rire comme des enfants, se baigner en beauté, assister à des concerts, aimer son visage, ses yeux, son corps, sa voix, le posséder ce serait une bénédiction ». N’est-ce pas un idéal universel d’amour ?
Malheureusement, Kuzmine s’est toujours mis dans une situation qui rendait impossible la réalisation totale d’un tel amour puisque ses amants étaient bisexuels, ce schéma répétitif se retrouve dans ses poèmes et leur donne une tonalité mélancolique d’une retenue élégante. En 1895, il entreprend un voyage en Égypte qui durera deux mois, accompagné du « Prince Georges ». Il fait un long séjour à Alexandrie. Le choix de la destination s’explique par son intérêt pour l’histoire du mysticisme, le passé égyptien et hellénistique ainsi que pour les débuts du Christianisme, un intérêt qui ne s’est jamais démenti, source d’inspiration dans sa musique et ses poèmes. Un voyage lui est prescrit pour surmonter une crise psychosomatique survenue après la mort de son compagnon. En 1892, il avait entrepris d’apprendre l’italien, il prend donc la direction de l’Italie qui le marque profondément « musicalement, mystiquement, poétiquement ». il est séduit par l’ésotérisme rosicrucien, il découvre le néoplatonisme à travers Marsile Ficin et se place alors sous le signe de l’Éros platonicien. Ce voyage en Italie est un parcours initiatique ; de retour en Russie, il traverse une crise mystique. Cette initiation lui offrira un refuge intérieur dans cette Russie qui lui est devenue étrangère. Il a toujours connu des difficultés financières et a toujours vécu chez les uns ou chez les autres mais après 1930, les traductions constituent ses seules ressources. Nous ne retiendrons les noms que des deux amants qui ont compté dans sa vie, ses liaisons étaient brèves. Font exception Vsevolod Kniazev, jeune hussard et poète avec qui il eut une liaison houleuse pendant deux ans et demi et qui se suicida (Pour une femme ? À cause d’une femme ?) et Ossip Iourkoun, jeune Lituanien, rencontré en 1913 à Kiev, qui reste avec lui jusqu’à sa mort. L’édition dans laquelle nous lisons ces textes possède la rare qualité d’un apparat critique extrêmement précis auquel il faut se référer pour saisir les allusions et, surtout, apprécier la transfiguration poétique, fantastique, véritable métamorphose d’évènements, d’aventures anecdotiques. Ils sont considérés pour beaucoup comme « les Verlaine et Rimbaud » de Saint-Pétersbourg. Ils sont les frères du « Deuxième coup » du recueil, dans un décor hivernal russe magnifique et les frères siamois du « Quatrième coup, » empreint d’une amertume que l’on devine causée par une infidélité, en effet, Iourkoun était bisexuel :
Frère de sang devant le monde entier
Tu t’es déclaré. Sois donc mon frère !
Nos lois, notre prison,
Tellement sévères et consenties
Sang pour sang, amour pour amour…
Du serment Dieu nous délie. (DEUXIÈME COUP).
[…]
Oh ! Ce petit déjeuner, qu’il ressemble
Aux siamois des fêtes foraines
Un seul ventre et deux cœurs,
Deux têtes, une seule échine …
Ils sont nés comme ça, Quelle honte !
Pas de réponse à ce mystère ! (QUATRIÈME COUP).
Malgré des tracas policiers, perquisitions, confiscation de documents jamais rendus, arrestation de Iourkoun, contraint de devenir informateur, il fut relativement épargné, ne connut pas la prison, la torture ou le goulag. On peut se demander pourquoi. Le laisser vivre, était-ce un moyen de le clouer au poteau d’infamie ? En tout cas, il lui fut accordé de ne pas avoir vécu l’arrestation de Iourkoun sous l’inculpation de complot contre-révolutionnaire, jugé en quinze minutes et exécuté en 1938, même si sa fin est extrêmement triste et si ses obsèques témoignent de son effacement du paysage littéraire de Leningrad, les Izvestia ne le présentant que comme traducteur.
Le recueil La Truite rompt la glace est rythmé par les douze coups de la queue de la truite précédés de deux prologues et suivis d’un épilogue qui éclaire les intentions du poète et montre à quel point tout son être est imprégné de culture.
Vous savez, au départ je voulais
Faire le tableau des douze mois,
Donner à chacun d’eux son rôle
Dans la ronde des plaisirs et des amours.
Voilà le résultat ! On peut voir que
J’ai peu d’amour et le cœur lourd,
Ont surgi une foule de souvenirs,
Des pages de romans lus et relus,
Morts et vivants entremêlés,
Tout devenu chaos,
Les douze mois, je les ai maintenus,
Avec plus ou moins le temps qu’il fait.
Ce n’est pas mal. Et puis je crois
Qu’une truite arrive à rompre la glace
Avec de la persévérance. C’est tout.
C’est un message de résistance individuelle pour sauvegarder un art de vivre raffiné, souvenir d’une civilisation riche de culture. Dans cet épilogue la musique semble absente, pourtant, le choix de la truite au lieu du brochet, le poisson du folklore russe, serait une référence musicale à Schubert, d’après la note. Il exprime sa foi dans l’amour et le triomphe de la vie en aphorismes :
« Pour renaître, il faut mourir.
Ne meurt pas celui que l’amour appelle.
(ONZIÈME COUP) ».
Le DOUZIÈME COUP, on est de nouveau en hiver
« Sur le pont l’hiver blanchit
De neige les chevaux ».
Le dernier poème s’achève dans une atmosphère joyeuse de fête, typiquement russe.
Adieu glauque tristesse,
Fi, doutes et soucis !
Sonne à notre porte
Le bel An neuf fol et blond
Le PREMIER COUP est l’illustration du schéma imaginaire répétitif d’un trio composé d’une femme fatale, d’un homosexuel et d’un bisexuel et de sa conception du choc émotionnel à la base de tout art.
Personne au théâtre ne vit entrer
Et prendre place dans sa loge
Une beauté, comme peinte par Brioullov,
Ces femmes-là vivent dans les romans,
On les rencontre parfois sur les écrans…
Pour elles se commettent des vols et des crimes,
On se presse derrière leurs voitures
Dans les mansardes on s’empoisonne.
Elle, discrète, attentive, suivait
La trame de cet amour fatal,
Sans relever l’étole écarlate
Qui glissait de son épaule nacrée,
Sans souci de toutes les jumelles
Qui la prenaient pour cible …
Elle m’était inconnue, pourtant je la fixais
Seule, on eût dit dans l’ombre de sa loge
[…]
Une grande fenêtre laissait entrer
Un flot de froide clarté bleue.
Comme si la lune brillait au nord :
Islande, Groenland et Thulé
Le pays vert dans une vapeur bleue…
Et là je me souviens ; mon corps fut saisi
De torpeur avant de fuser,
En moi doucement sans cesse cognait
Comme le fouet de la queue d’un poisson sous la glace..
Titubant je me lève, aveugle, et somnambule
Pour aller à la porte … elle s’ouvre soudain …
Alors se détacha de la galerie,
Un homme, la vingtaine, les yeux verts …
Un tableau, une scène, une vision cinématographique fantastique. Kuzmine avait été bouleversé par le cinéma expressionniste allemand, il aimait le cinéma américain ; il était même critique de cinéma jusqu’à ce qu’on refuse ses articles.
On nous reprochera sans doute la longueur de cet article, peut-être trouvera-t-on que l’historique de la question de l’homosexualité en Europe est une digression, que les détails sur Saint-Pétersbourg sont connus mais l’intention de l’article est, à travers Kuzmine, incarnation de l’esprit et de la culture de l’ancienne capitale de toutes les Russies de rappeler tout ce que le patrimoine mondial lui doit et en particulier l’Europe et la France, et d’essayer de prendre la mesure de la perte causée par le cataclysme qui s’est abattu sur le pays. Or, Kuzmine était homosexuel et son orientation sexuelle est inséparable d’une époque où l’Europe régresse sur cette question.
Nous attendons avec impatience la traduction annoncée des autres cycles.
Georgette WACHTEL