Sonnets de l’amour obscur, Federico Garcia Lorca, Eros Onyx, 80 p., 15€.
Traduction nouvelle d’Élodie Blain
Entre nous deux, de ton cœur à mon cœur
Un souffle d’étoiles, un frisson de plante
Une épaisseur d’anémone évente
Un an tout entier d’obscure douleur.
Quatrain extrait d’un des onze sonnets du grand poète espagnol, délibérément tué à 38 ans, en 1936, par les nervis de Franco, parce que Républicain (un vrai, pas à la sauce sarko) et homosexuel. Présentée dans un écrin bilingue de très belle facture par ErosOnyx, cette part de l’œuvre du poète et dramaturge toujours célébré quand Franco est exécré, passionne pour au moins deux raisons: la beauté de fiévreux sonnets d’amour lyrique, teintés de surréalisme, et par la postface indispensable d’Yvan Quintin.
Yvan Quintin démonte (avec quelle acuité!) les tentatives récurrentes de faire de Lorca un poète hétérosexuel, comme ce fut entrepris pour les sonnets de Shakespeare! L’éditeur illustre les sonnets de reproductions de magnifiques toiles érotiques de Luis Caballero… Un grand petit livre dont on comprend que les 500 premiers tirages aient déjà trouvé aficionados…
Comme j’ai peur de perdre la merveille
De tes yeux de statue, et l’inflexion
Que vient souffler la nuit à mon oreille
Rose sauvage, ta respiration.