Il y a des livres dont on ne finit pas de découvrir les galeries, comme une mine qui n’en finirait pas de nous livrer ses filons de pépites : en voilà un de cette envergure et au prix de 35,00 euros, raisonnable quand on juge de son épaisseur et de sa qualité.
Didier Roth-Bettoni embrasse, dans ce volume de 752 pages, le thème de son titre, de l’aube du septième art à aujourd’hui. Il explore la production mondiale des films où sont présents gays, lesbiennes, bisexuel(le)s, travesti(e)s, transexuel(le)s… en faisant constamment se croiser, dans ses chapitres et sous-chapitres, l’étude chronologique avec l’étude par continent et pays de chaque continent. Ce panorama est rigoureux, mais ce qui est prodigieux, c’est que le livre n’est pas seulement une analyse historique, géographique et thématique : il est aussi d’une finesse de jugement idéologique et esthétique sur les films qui laisse pantois et nous révèle la profusion créative de l’homosexualité au cinéma, parfois subtilement cryptée aux yeux et à la barbe même des censeurs, comme l’avait fait, pour le cinéma hollywoodien, le documentaire passionnant de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, The celluloïd closet, en 1995.
Que le lecteur se rende à la triple table des matières :
– 100 films emblématiques,
– index des noms propres,
– index des films,
et il n’aura qu’à se laisser guider dans ce labyrinthe ordonné de finesse et de sensibilité. Les photos-vignettes sont en noir et blanc, mais le texte est un véritable kaléidoscope de cinéphile aussi averti que boulimique. Les films ne sont pas seulement cités, leur intrigue et leur climat artistique sont analysés avec une acuité qui fait de L’Homosexualité au cinéma non seulement une mine de renseignements, de conseils pour se guider dans le foisonnement de la production, mais un véritable pavé militant, par le biais du cinéma, pour la cause des Éros différents !