Les toutes nouvelles éditions ErosOnyx, dirigées par de fins connaisseurs de la littérature, viennent d’avoir la délicate attention de consacrer leur troisième volume à Renée Vivien (1877-1909) (…) poète (…) et traductrice de Sappho, avec sa biographie de Psappha complétée par ses Odes, Épithalames et Fragments.
Permanence de Renée Vivien, en dépit d’un imaginaire fin de siècle hanté par sa disparition prochaine, qui n’en finit pas de nous émerveiller avec ses vers rigoureux où, pour la première fois, une femme ose chanter ses amours « saphiques ».
Grandeur d’une présence poétique à une époque où les adversaires du féminisme sont de féroces misogynes. « L’une de nos plus éhontées féministes, [écrit Théodore Joran en 1908] une certaine Renée Vivien, ne s’est-elle pas faite, dans un livre de mauvais vers que les femmes riment dans leurs moments perdus, la prêtresse moderne des « amours lesbiennes » ? Cette Sapho mêle sans cesse à son lyrisme des délectations féministes. » (…)
Renée Vivien (…) revient aux sources mêmes de la langue amoureuse par delà les modes et les courants littéraires. Au nom de la beauté, contre la morale, Renée Vivien ouvrira la porte à Natalie Clifford-Barney, Colette, Lucie Delarue-Mardrus et tant d’autres.
Ce n’est pas la première réédition de ces poèmes, expliquent les éditeurs dans une passionnante introduction placée sous le signe des violettes (…) Ce délicieux petit livre, fabriqué avec amour et compétence, nous donne le plaisir de replonger dans un monde poétique si différent du nôtre, qu’il nous en apprend certainement plus sur nous-mêmes que les plus savantes études de notre époque.