Située non loin de la Fontaine St-Michel, en plein Quartier Latin, à Paris, la Vénus noire, le 18 novembre à 21 heures, a accueilli plus de cinquante personnes (il a fallu refuser du monde), dans sa superbe cave, anciennement dénommée le Caveau de la Bolée qui a vu sous ses voûtes s’asseoir (et boire !) Baudelaire, Verlaine et bien d’autres, et qu’évoque Francis Carco dans Montmartre au Quartier Latin, pour le spectacle Renée Vivien présenté par la comédienne Saadia Maani de l’Hélicon Café. En « vedettes américaines », on a d’abord entendu Marc Bonvalot lire Le club des damnés, tiré de La dame à la louve, puis tour à tour ou en chant alterné, à l’antique, Nicole G. Albert et la poétesse L dire avec talent et sensibilité des poèmes de divers recueils de Vivien. Paul Edwards a clos cette première partie avec De Viviane à Vivien, traduction anglaise (de lui-même) du poème Viviane du recueil À l’heure des mains jointes.
Un entracte a permis aux spectateurs d’aller au bar boire un cocktail Vivien spécialement préparé par la douce Isabel pour cette occasion (cocktail délicieux, soit dit en passant, à la teinte violette, et que Vivien aurait certainement aimé) avant la reprise.
Jouant Renée Vivien, femme de lettres amoureuse et douloureuse, dans le plus grand silence de la part du public, Saadia Maani (photo) a ému et remué les cœurs. Bougies, étoffes violettes, velours cramoisis, grand vase empli de lys blancs, photos de Renée Vivien aux murs, créaient une atmosphère des plus évocatrices et surtout la musique d’Eugénie Kuffler (photo), accompagnatrice de la comédienne ce soir-là. Au saxophone ou à la flûte, elle précédait ou soulignait, par des sons étranges, pénétrants, mélodieux ou dissonants, les vers de Vivien, dont la voix et l’émotion de Saadia Maani relevaient encore la musicalité. Rappelons que Saadia Maani a conçu son premier spectacle sur Renée Vivien en 2001, comme une libre adaptation de ses poèmes, jouée à plusieurs reprises depuis lors.